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HORS DU CERCLE[1]

L’amour ne s’inquiète pas de la caste, ni le sommeil d’un mauvais lit. J’ai été à la recherche de l’amour et je me suis perdu.

(Proverbe hindou.)

L’homme doit toujours, quoi qu’il arrive, frayer avec son pareil et s’en tenir à ceux de sa race. Que le blanc aille avec le blanc, le noir avec le noir. Alors les malheurs qui peuvent survenir seront du moins dans le cours naturel des choses. Ils n’auront rien de soudain, d’étrange, ni d’inattendu.

Ceci est l’histoire d’un homme qui franchit volontairement les bornes protectrices de la société décente et reconnue, et qui paya cher son imprudence.

D’abord il en savait trop long, ensuite il y vit trop clair ; il prit un intérêt trop vif à l’étude de la vie indigène ; mais, croyez-moi, il ne recommencera plus.

Profondément enfouie au cœur de la cité, derrière le bustee de Jitha Megji, se cache l’impasse d’Amir Nath[2], fermée par une muraille nue, que perce une seule fenêtre à grillage. Des deux côtés de ce cul-de-sac, à l’entrée duquel se trouve une grande étable, les murs n’ont aucune ouverture. Ni Suchet Singh, ni Gaur Chand n’approuvent que les femmes de leur maison jettent un regard sur le monde extérieur. Si Durga Charan avait été du même avis, il serait plus heureux, et la petite Bisesa pourrait encore pétrir son pain.

  1. Beyond the pale (Plain tales from the hills), by Rudyard Kipling.
  2. Amir Nath’s Gully.