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Exploitées de la façon la moins prévoyante par des populations qui n’ont jamais comblé les vides d’une consommation gaspilleuse, elles ont, en maint endroit, été trouvées absolument dévastées, si bien qu’au lieu de vivre, sans compter, sur les réserves accumulées, il a fallu débuter ici par reboiser et là par exploiter avec les ménagemens usités, en Europe. Un corps forestier composé de : 1 conservateur, 9 sous-conservateurs et 9 assistans et sous-assistans, a dressé l’inventaire des ressources forestières dans les districts les plus riches et, suivant les cas, a interdit toute exploitation ou l’a limitée à un nombre d’arbres strictement déterminé.

Les mines, au contraire, n’ont donné lieu à aucun mécompte. On a retrouvé toutes celles qu’on savait exister, on en a découvert qu’on ne soupçonnait pas. C’est ainsi que tout récemment un ingénieur, M. Adam, a découvert de très riches gisemens d’étain, à Khow-Morang, près de Maliwun, où justement, quelques années auparavant, les recherches n’avaient donné aucun résultat. Les richesses minérales de la Birmanie sont extrêmement variées : presque tous les métaux, beaucoup de métalloïdes, le sel, l’ambre, le jade, etc. Toutefois, les métaux, au moins dans les gisemens qu’on en connaît aujourd’hui, ne se rencontrent pas toujours en quantités qui vaillent les frais d’une exploitation industrielle. C’est le cas du fer et du cuivre. L’or ne paraît guère plus abondant. Il se rencontre partout, et une foule de localités portent, en birman, un nom suivi de l’épithète shive, qui veut dire « doré ; » mais presque nulle part il n’a mérité d’être exploité. Et cependant les Birmans et, après eux, les étrangers, n’ont pas manqué de faire de minutieuses recherches. Dans tout l’extrême Orient, l’or est d’un usage courant. On en fabrique moins des monnaies que des bijoux, — ce qui est la forme de l’épargne dans ces pays, — et des objets de culte. En Birmanie, détail particulier, on l’emploie encore pour dorer les pagodes. On ne va pas jusqu’à l’appliquer, comme en Russie, en plaques épaisses, qui représentent des sommes importantes, sorte de trésor sacré ; on se contente de feuilles battues extrêmement minces. Cela est déjà fort coûteux. Il est telle pagode dont le toit doré représente 250,000 francs. L’or consommé en Birmanie vient, pour une partie, des États shans, des sables d’un torrent, près de Tounglaybin, non loin du lac Inlay, et de la région de Woonthou, dont on a beaucoup parlé lors de l’expédition contre le Tsawbwa de ce pays, et, pour une autre partie bien plus considérable, de la Chine. La production indigène ne dépasse point quelques centaines de viss (le viss = 3,56 livres, poids anglais).

Il en est autrement de l’argent. Les gisemens en sont nombreux