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et riches. Il se rencontre surtout dans les États shans. On l’extrait, ordinairement par les méthodes les plus grossières[1], d’un plomb argentifère, qui donne de deux à huit francs de métal pur par cent kilogrammes de minerai. L’importance de la production actuelle, sous le régime des Anglais, ne nous est pas connue encore, mais les chiffres qui furent autrefois soumis au capitaine Yule attestaient une abondance extraordinaire.

Le sel, en Haute-Birmanie, est assez commun et toutefois recherché. Sans atteindre les prix où il s’élève dans le centre de l’Afrique, il est un produit de valeur, et, soit comme matière fiscale[2], soit comme instrument d’échange, fort apprécié des marchands et des gouvernemens dans toute l’Indo-Chine et même en Chine. Ce dernier pays a récemment fermé la province du Yunnan au sel d’Annam et de Birmanie : c’est qu’il souhaitait développer dans l’empire cette industrie assez prospère chez ses voisins. En Birmanie, les sources salines ne sont pas rares : les plus célèbres sont celles de Bangyo, dans les États shans, entre Goteik et Thebaw. Les paysans en extraient leur sel : c’est l’industrie domestique par excellence. Le capitaine Yule passant par les villages de Kyoukta, près de Sagaing, et de Yega (eau amère), a noté l’outillage sommaire dont ils disposent : dans chaque maison de quatre ou cinq habitans une cuve et des casseroles d’évaporation. Une casserole produit environ cinq viss par jour ; à deux casseroles par maison, c’est une production journalière de dix viss, d’une valeur, à cette époque, de soixante-dix à quatre-vingts centimes. C’était là le bénéfice de cinq personnes. Il est vrai que ces personnes avaient d’autres occupations plus lucratives, et que le sel ainsi produit était très impur. Les pauvres seuls s’en contentaient : les riches tiraient le leur de Rangoon et de Basein[3].

Or, argent, sel, tout cela, du moins jusqu’ici, n’a pas une grande importance : il en est autrement du pétrole, du charbon et des rubis.

Le pétrole a de tout temps été exploité en Birmanie. On le trouve dans la Basse-Birmanie et dans la Birmanie supérieure : en Basse-Birmanie, dans la province de Pégou et à Akyab, sur la côte d’Arakan, et en Haute-Birmanie à Yenangyoung, sur l’Iraouaddy. Ce dernier district comprend environ 540 puits, dont 300 seulement

  1. Voir le rapport de M. Hildebrandt sur les mines de Bawzaing, district de Myelet.
  2. Le sel paie au gouvernement un droit de 2 1/2 roupies par mesure dans toutes les provinces de l’Inde, sauf en Birmanie où le droit n’est que de 1 roupie.
  3. Presque tout le sel consommé en Birmanie vient de l’Inde ou des pays voisins En 1889-90, il en a été importé 45,500 tonnes, valant 1,240,000 roupies.