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cuivre et le charbon de ses mines et les riches toisons de 100 millions de moutons dispersés dans les immenses pâturages de ce continent que l’on croyait encore hier n’être qu’un vaste désert. Un nouvel empire sur une terre aux ressources illimitées, entourée d’océans animés par- la présence de flottes sans nombre. Le contraste n’est-il pas vraiment merveilleux ?

Dans les pages qui vont suivre, nous allons tenter d’analyser rapidement les diverses phases de cette transformation et de faire connaître quelques-uns des hommes qui ont le plus contribué par leurs travaux et leur influence à l’avancement et à la prospérité de l’Australie.

Le capitaine Phillip, premier gouverneur du pénitencier de Botany-Bay et de la colonie de la Nouvelle-Galles du Sud, avait débarqué vers la fin du mois de janvier 1788 avec un établissement qui comprenait 756 convicts (564 hommes et 192 femmes), accompagnés d’une garde militaire composée de 10 officiers et de 168 soldats d’infanterie de marine. À ce nombre, il faut ajouter 5 médecins, 40 femmes de soldats et 13 enfans appartenant aux condamnés. Il venait prendre possession d’une immense contrée habitée par une race chétive et pacifique destinée à s’évanouir sans combat au seul contact de l’homme blanc, où la colonisation ne devait rencontrer d’autres obstacles que ceux que la nature avait placés sur son chemin. Phillip avait fort à faire, abandonné qu’il était aux antipodes du monde civilisé, avec une poignée de mécréans dont il fallait faire des colons, et durant les quatre années et demie que dura son administration, il jeta les fondations d’un établissement purement pénitencier. Les philanthropes du royaume-uni, à cette époque, espéraient beaucoup de cette tentative de colonisation par l’élément criminel. Ils pensaient que la transportation dans un pays sain, doué d’un excellent climat et de terres fertiles, où les condamnés se trouveraient dans la nécessité de pourvoir eux-mêmes à leurs besoins, ne manquerait pas de produire un effet salutaire chez ces gens que le travail ramènerait sans doute à des sentimens meilleurs. Il est certain aujourd’hui que cet essai de transformer en agriculteurs des criminels appartenant en grande majorité aux classes ouvrières des villes ou aux vagabonds sans profession des trois royaumes ne réussit point. Les rapports des premiers gouverneurs de Botany-Bay et les archives coloniales de l’époque ne nous ont transmis que des récits de désastres successifs pendant les sept ou huit premières années qui suivirent la fondation de cet établissement. Tantôt c’est une famine qui oblige le gouverneur à mettre les condamnés et leurs gardiens à la portion congrue ; tantôt une série de révoltes et d’évasions menaçant