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L’homme ne peut y vivre à cause de l’abondance des mouches et moustiques qui affolent les animaux de leurs piqûres. Enfin, au bout de longues heures, la barque atteint la rive opposée et cette grande tour ronde qui se dessinait, depuis le matin, dans les grisailles de l’horizon apparaît maintenant toute proche.

Cheikh-Abas-Ali est une petite bourgade uzbeg, ayant un bazar fréquenté par les populations sédentaires qui l’entourent et par les nomades de la steppe.

C’est auprès de cette bourgade, plus près du fleuve que se trouve cette haute tour servant, dans ce pays plat, de véritable point de repère.

Elle est en brique cuite, de forme cylindrique et ressemble entièrement à celles que l’on voit à Kounia-Ourgendj. Cette tour s’élève au milieu d’un espace inculte, vaguement délimité par la trace d’anciens murs encore debout dans quelques parties. C’est l’emplacement d’une ville entièrement détruite.

Nous voici parvenus à 30 verstes au nord de Pétro-Alexandrof. Esquissons à grands traits le caractère de cette côte orientale du fleuve et notons les peuples qui y habitent.

La culture s’est développée entre le lit de l’Amou et le sable du Kizil-Koum sur une largeur de 2 kilomètres. C’est une bande de terre irriguée par les hariks ayant une longueur de 60 kilomètres environ. On y trouve les mêmes cultures que dans les oasis khiviennes que nous visiterons plus tard et installées en face sur la rive occidentale du fleuve.

Ces sédentaires sont des Uzbegs. On y trouve aussi des Persans et quelques Arabes. Ils vivent au milieu de leurs champs et habitent des demeures en pisé. Ce sont des agriculteurs. Leur costume est le même que celui des Khiviens que nous venons de décrire. Il y a trois villages, ou plutôt trois bazars, où sédentaires et nomades échangent leurs produits. Ce sont : Choura-Khan, Cheikh-Abas-Ali et Bii-Bazar. Les nomades sont les Turkmènes et les Kirghizes. Les Turkmènes, qui sont plutôt des demi-nomades, vivent à la limite des terres cultivées et des sables et abreuvent leurs animât dans les marais et bas-fonds que l’Amou remplit annuellement.

Quant aux Kirghizes, ils errent dans le Kizil-Koum et ont des campemens d’hiver peu fixes[1].

  1. Ce territoire irrigué, parallèle à la rive orientale du fleuve, a été divisé administrativement en quatre cantons (volosts) ayant : Uzbegs, 22,472 ; Kirghizes, 2,943 ; Turkmènes, 9,968 ; Karakalpaks, 1,892 ; Persans, 848 ; Arabes, 493. Mestent deux cantons (Minboulak et Tamdin), où la population kirghize domine. Quant aux Turkmènes, ils se disent de la race ata, se subdivisant en cinq sous-races : Omarata, Nourata, Arabatchi, Golkeni. — U.-M. Avdakouchine : Aperçu de la situation sanitaire de la division d’Amou-Daria de 1887 à 1891 ; — du même : Esquisse médicale et topographique de la citadelle de Petro-Alexandrof, 1891.