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Le nitrate de soude doit être donné en couverture au premier printemps ; si on l’appliquait dès l’automne, il serait en grande partie enlevé par les eaux de pluie et ne produirait qu’un effet médiocre.

S’il n’y a aucun inconvénient à employer des doses exagérées de phosphate, dont l’excès n’a jamais d’action nuisible sur les plantes et qui n’est pas sujet à des déperditions, il n’en est pas de même du nitrate de soude. Si l’on donnait celui-ci en quantité exagérée, il aurait des inconvéniens pour la végétation, en l’activant d’une façon démesurée. Pour les céréales, en général, et pour le blé, en particulier, l’excès de nitrate peut avoir pour effet de pousser à un développement foliacé excessif, qui provoque la verse, retarde la maturation, favorise l’envahissement de la rouille et augmente la proportion de paille au détriment du grain.

L’acide phosphorique corrige dans une large mesure les inconvéniens inhérens au nitrate de soude ; il faut donc qu’il y ait toujours un certain rapport entre ces deux substances, et si l’on veut pousser à une production très intensive par l’emploi de fortes quantités d’engrais azotés (nitrate de soude, sulfate d’ammoniaque, engrais organiques), il faut en même temps élever la dose de superphosphate.

À la place du nitrate de soude, on peut employer le sulfate d’ammoniaque, mais celui-ci étant plus riche en azote, il suffit d’en mettre des quantités moindres ; on peut remplacer 100 kilogrammes de nitrate de soude par 75 kilogrammes de sulfate d’ammoniaque. Ce dernier produit a moins d’inconvéniens au point de vue de la verse et du développement excessif de la paille ; il donne un grain plus dense et peut donc être substitué avantageusement au nitrate de soude.

Pour la betterave à sucre et la betterave fourragère, la pomme de terre et, en général, pour les plantes à racines et à tubercules, de fortes applications de superphosphates sont à recommander. 400 et jusqu’à 700 kilogrammes à l’hectare ont été appliqués, lorsqu’on a voulu obtenir les rendemens les plus élevés auxquels on puisse prétendre. Il faut que les engrais azotés soient également en proportion suffisante ; mais si, pour les racines destinées à l’alimentation, on peut forcer la dose de nitrate ou de sulfate d’ammoniaque (300 à 400 kilogrammes de nitrate de soude) et accroître ainsi les rendemens, ce n’est qu’avec une certaine réserve qu’il faut les appliquer à la betterave à sucre (150 à 250 kilogrammes). Cette dernière, en effet, tout en donnant de plus fortes récoltes, deviendrait plus aqueuse, c’est-à-dire moins riche en sucre, et n’aurait plus les qualités de la betterave industrielle, qu’on doit