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passe sur les mers en renferme plus que celui qui s’élève au-dessus des déserts, etc.

Maintenant, comment s’opère au juste cette condensation de la vapeur d’eau, sous l’influence du refroidissement, sous l’influence du passage de l’air humide d’un milieu chaud dans un milieu froid ? Il faut convenir que la réponse habituellement faite à cette question manque de netteté : mais, au reste, à supposer qu’elle fût parfaitement satisfaisante, il n’en serait pas moins opportun de faire connaître ici les travaux d’un homme qui depuis plusieurs années s’occupe indirectement de la question, et a obtenu des résultats d’un intérêt très direct pour le sujet en discussion, pour l’étude de la pluie artificielle ; je veux parler des travaux d’un physicien écossais, M. John Aitken.

Voici une des nombreuses expériences de ce chercheur.

On prend deux récipiens en verre de même forme. Dans l’un on fait le vide, et le vide une fois fait, on y laisse rentrer l’air, lentement, en le filtrant à travers un épais tampon ouaté : ce récipient contient donc de l’air optiquement pur, privé de poussières. L’autre récipient reste tel quel, contenant l’air ambiant avec ses impuretés naturelles. Extérieurement ces deux récipiens sont d’apparence identique : l’œil ne perçoit aucune différence entre le flacon rempli d’air pur et celui qui contient de l’air chargé de poussières. Mais faisons communiquer chacun de ces flacons, par un tube en caoutchouc, avec une petite chaudière, de telle façon que la vapeur de celle-ci passe dans les deux flacons : alors se manifeste une différence marquée. Dans le flacon à air ordinaire, la vapeur forme un nuage blanc, épais, opaque ; dans le flacon à air pur, rien de pareil ; la transparence de l’air n’est point altérée, il n’y a pas le moindre nuage, la moindre vapeur : on n’y voit rien, absolument rien ; et pourtant la vapeur de la chaudière y a pénétré.

Autre expérience. Dans un flacon, on fait pénétrer un mélange d’air filtré avec une petite quantité d’air non filtré, puis de la vapeur d’eau. Ceci fait, au moyen d’un coup de pompe on détermine une légère dilatation de ce mélange, et cette dilatation a pour conséquence la sursaturation de l’air qui se manifeste immédiatement par la formation d’un petit brouillard qui se dépose peu à peu. On rend alors à l’air son volume primitif pour opérer quelques minutes après une nouvelle dilatation : de nouveau il se forme du brouillard. Quand l’opération a été répétée plusieurs fois, on constate que la dilatation ne produit plus d’effet, à moins d’en accroître l’importance : on dilate de 5 centimètres cubes au lieu de 2. Mais la dilatation de 5 centimètres cubes devient à son tour inefficace ; et