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Mais ces procédés ne fournissent que des indications vagues, sans précision, et pour obtenir des dénuées exactes sur les variations d’abondance des poussières atmosphériques selon le lieu et la localité, il faudrait posséder une méthode sûre. On a bien réussi à dénombrer les poussières organiques, les germes ou microbes de l’atmosphère, si difficile que parût être la tentative, et grâce à des procédés maintenant bien connus, on peut découvrir la proportion de ces microbes dans l’air des villes et des montagnes avec une certitude absolue, — aussi absolue que cela est possible dans des recherches de ce genre ; — Ce qu’on a fait pour les germes vivans de l’atmosphère, ne peut-on le répéter pour les parcelles inorganiques ? C’est encore M. Aitken qui va répondre à cette question.

D’après lui, en effet, du moment où le brouillard a pour cause la condensation d’un peu de vapeur d’eau autour d’une parcelle de poussière, on peut connaître aisément le nombre de ces parcelles, quand même elles seraient invisibles au microscope, en dénombrant les gouttelettes de brouillard dans une atmosphère donnée. Évidemment, la méthode postule l’exactitude de la théorie, et c’est là son gros défaut ; mais nous accorderons provisoirement le postulat. Comment procéderons-nous alors ? S’agit-il de capter par un procédé quelconque une quantité voulue de brouillard, un titre ou un demi-litre, par exemple, et d’opérer la numération des gouttelettes à mesure qu’elles tomberont ? Ceci serait impraticable, et la méthode est tout autre. En voici la base : si l’on introduit dans un récipient bien privé de poussière une petite quantité d’air, et si l’on sature cet air d’humidité, nous avons vu qu’il suffit d’augmenter un peu les dimensions de ce récipient, il suffit de dilater quelque peu le volume de cet air, c’est-à-dire de le refroidir, au moyen d’un piston, par exemple, qui sera tiré de 0m,02, 0m,03 ou 0m,10 et qui laisse à l’air un espace plus grand que celui qu’il occuperait à la température et la pression extérieure du moment, il suffit de dilater le volume de cet air pour qu’aussitôt, la quantité d’air et de vapeur demeurant invariables, l’air soit sursaturé de vapeur et refroidi. À ce moment, il se produit un brouillard, et celui-ci se dépose sur les parois et le fond du récipient sous forme de gouttelettes qu’il est facile de compter au microscope, si elles ne sont point trop nombreuses. On peut, par un artifice, diminuer considérablement le nombre de ces gouttelettes sans entacher le résultat d’erreur, et voici comment. Au lieu de remplir le récipient où se fait l’analyse, de l’air extérieur, on y introduit un petit volume de cet air, 1 centimètre cube, par exemple, auquel on ajoute ensuite 9 ou 99 ou 999 centimètres cubes d’air pur, privé de poussière