Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 113.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’accord se fit sur ces bases et la convention fut signée dans la nuit du 30 au 31 janvier 1892, par dix des quatorze puissances représentées à la conférence. L’Angleterre, le Danemark, la Suède et la Turquie s’abstinrent ; les représentans de ces trois dernières puissances n’avaient pas les pouvoirs nécessaires pour traiter, et les plénipotentiaires anglais réservèrent l’opinion définitive de leur gouvernement, qui désirait se rendre compte, avant de s’engager, des conséquences pratiques d’un système auquel il n’était pas préparé. Toutefois, ils donnèrent leur adhésion à toutes les résolutions prises et s’engagèrent à venir prochainement à Paris pour y signer définitivement la convention si impatiemment attendue par tous les intéressés.

Ils ont tenu leur parole ; au mois de mai dernier, M. Phipps, conseiller à l’ambassade d’Angleterre à Paris, et le docteur Thorne-Thorne, directeur de l’hygiène, venu de Londres à cet effet, ont conféré de nouveau au ministère des affaires étrangères avec M. Barrère, rappelé de Munich pour cette réunion, avec MM. Brouardel et Proust, et M. le comte de Kuefstein, représentant de l’Autriche-Hongrie, venu à Paris dans la même intention.

Il ne s’agissait plus que de régler quelques points de détail relatifs à la durée de l’isolement que les navires infectés devront subir aux eaux de Moïse. Les délégués anglais demandaient qu’on tînt compte du temps écoulé depuis le dernier décès de choléra et qu’on n’exigeât pas la mise à terre de tous les passagers d’un navire à bord duquel quelques cas de cette maladie se seraient déclarés pendant la traversée. Ces concessions leur avaient déjà été faites à Venise il a suffi de les ratifier et de leur donner une forme définitive. Il n’y a pas eu à proprement parler de discussion et, le 9 juin dernier, l’acte définitif de la conférence internationale de Venise a été signé en triple expédition par les mandataires de la France, de l’Angleterre et de l’Autriche-Hongrie.

Pendant qu’elle achevait ainsi son œuvre de conciliation, le choléra, comme pour se jouer des obstacles que l’Europe cherchait à lui opposer, donnait aux prévisions des hygiénistes un double démenti, en se montrant aux portes de Paris sans qu’on pût découvrir sa provenance, et en reprenant sa route des anciens jours qu’il semblait avoir oubliée.


III.

L’épidémie qui règne depuis cinq mois dans la banlieue a éclaté le 5 avril, à la maison municipale de Nanterre. Elle s’est étendue de là aux localités voisines, et a envahi successivement Aubervilliers,