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la distance à Paris, qui varie entre 225 et 250 kilomètres, cette hauteur permettait encore d’y arriver à une altitude suffisante pour améliorer la distribution des quartiers élevés, ce qu’on désirait faire. Mais la longueur de l’aqueduc, les difficultés de sa construction, faisaient de cette dérivation une œuvre très coûteuse. Il n’en eût plus été de même si les eaux, réunies à Châtillon, avaient pu être conduites à l’origine de l’aqueduc de la Vanne, distante de Châtillon de 75 kilomètres environ. Le prix d’un aqueduc, en effet, ne varie que faiblement avec la section. Il dépend surtout de la longueur. Malheureusement, par un manque de prévision, explicable d’ailleurs autant qu’excusable, l’aqueduc de la Vanne avait été construit avec des dimensions strictement limitées au débit de cette source. Il ne pouvait plus rien recevoir.

Renonçant, à cause de la dépense, à dériver les sources de l’oolithe bourguignonne, les ingénieurs jetèrent les yeux sur les sources qui émergent au bord du plateau de la Brie, dans les vallées du Grand-Morin, à Chailly, au-dessus de Coulommiers et de la Voulzie, au-dessus de Provins, un peu en dedans de la droite qui joint les sources de la Vanne à celles de la Dhuis. Les sources de Chailly étaient trop basses, celles de la Voulzie et de son affluent le Durteint étaient à une hauteur à peu près suffisante : il ne fallait le concours des machines que pour relever quelques dérivations accessoires dans les vallées du Lunain et de la Juine. On trouvait ainsi 70,000 à 80,000 mètres cubes d’une fort belle eau. — Ce n’était encore là qu’un appoint. Où rencontrer le complément des 200,000 ou plutôt des 250,000 mètres cubes du nouveau programme ?

Se tournant alors fort à propos vers les massifs crétacés de Normandie, que Belgrand n’avait pas explorés, on découvrit, — c’est bien ainsi que les choses se passèrent, — à moins de 100 kilomètres de Paris, à vol d’oiseau, aux limites des départemens d’Eure-et-Loir et de l’Eure, à peu de distance de Verneuil, les source de l’Avre et de son affluent la Vigne. Il y avait là six magnifiques sources, peu distantes l’une de l’autre, faciles à capter, donnant une eau excellente, dont on évalua le volume dans un premier moment d’enthousiasme à 120,000 mètres cubes. — On a dit ensuite 100,000 mètres cubes. Autre avantage. L’altitude de leur point d’émergence permettait de les faire arriver à Paris à la cote 95, c’est-à-dire 15 mètres plus haut que la Vanne. Enfin, on les croyait peu utilisées par les habitans de la vallée, et on ne prévoyait pas, par suite, les résistances qu’on rencontra.

Le projet fut arrêté. L’Avre et la Vigne fourniraient d’un côté 120,000 mètres cubes ; de l’autre, la Voulzie avec le Durteint, aidés de quelques menus auxiliaires, en donneraient 80,000 mètres cubes. C’était la réalisation de la plus grosse partie du nouveau