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ou tracés de machines, et, toutefois, à bien faire leur besogne ; les résultats sont appréciés en conséquence. On néglige un peu les épures trop théoriques, et, de bonne heure, on les exerce à des sujets pratiques exécutés sans modèle, sous la direction du professeur : plans topographiques, projets, organes de machine… Les plus adroits exécutent de petits chefs-d’œuvre dont les défauts imperceptibles ne peuvent être discernés que par l’œil exercé d’un professeur ; quant aux plus faibles, dans une classe préparatoire à Polytechnique ou Saint-Cyr, ils seraient considérés comme des dessinateurs plus que passables. Dès la première année d’école, on exerce les jeunes « conscrits » au dessin d’ornement exécuté à main levée, sans table, sur les genoux de l’élève.


III

Le travail manuel a, pour les pensionnaires, beaucoup plus d’importance que le dessin ou les sciences, puisqu’il occupe les jeunes gens durant sept heures en tout, les deux séances du matin et de l’après-midi se prolongeant chacune durant plus de trois heures. Sauf le cas de maladie dûment constatée, nul n’est exempt d’ateliers, et les élèves qui feindraient des infirmités plus ou moins imaginaires ou en prolongeraient de réelles outre mesure pour travailler à l’étude leurs cours plus à leur aise, aux dépens des occupations d’atelier, se méprendraient dans leur calcul, puisque le coefficient des notes de travail manuel assure à ces notes une influence tout à fait prépondérante dans les classemens. On tient aussi, avec raison, à ce que les élèves ne soient ni dérangés ni distraits pendant l’accomplissement de leur besogne. Il y a quelques années, sur la simple autorisation du directeur, les personnes qui en témoignaient le désir pouvaient se procurer le spectacle, assurément fort curieux, des ateliers d’Aix en pleine activité. Malheureusement, des abus se sont produits et on a dû couper court à cet incessant va-et-vient qui redoublait d’intensité à l’époque où les jeunes filles venaient se présenter à Aix en vue du brevet. À Châlons également, la proximité d’une grande voie ferrée internationale amenait un excès de visiteurs et peut-être aussi de visiteuses. Le règlement actuel, tranchant le mal dans sa racine, exige une permission écrite signée par le ministre du commerce sans laquelle nul, en dehors des personnes attachées à l’établissement ou des inspecteurs, n’a le droit de pénétrer dans les ateliers durant le travail. Du reste, tout étranger non pourvu d’une