Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 113.djvu/581

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la soupe et aux deux plats du dîner et du souper, des règles inflexibles et traditionnelles, auxquelles l’administration se plie de fort bonne grâce, en fixent la nature. À raison de leur origine relativement humble et de leur appétit juvénile, nos écoliers ont une prédilection marquée pour les alimens plutôt solides et reconstituans que fins et délicats : les haricots notamment et la morue sont en grande faveur auprès d’eux. Les élèves ne s’occupent jamais du contrôle des fournitures, comme cela a lieu dans d’autres grandes écoles du gouvernement ; les adjudans sont chargés de ce soin.


IV

À l’expiration de chaque année scolaire, le directeur transmet au ministre un classement par promotions de tous les élèves. Ce classement résulte des examens particuliers dont nous avons déjà longuement parlé, d’un examen général portant sur l’ensemble des matières enseignées durant l’année et dont il va être question, des notes d’atelier et de dessin, et enfin de la note de conduite combinée elle-même d’après les renseignemens fournis par les adjudans, les chefs d’atelier et les professeurs[1]. Les dignités de sergent et de caporal récompensent les mieux notés, souvent aux dépens des gradés qui se sont laissé distancer.

À la fin de la première, de la seconde, ou de la troisième année, deux commissions présidées, l’une par le directeur, l’autre par l’ingénieur de l’école, écrivent d’avance sur un certain nombre de billets des séries de questions de force convenablement choisie, relatives à chaque matière étudiée durant l’année. Chaque élève, avant d’être interrogé par la commission, tire au sort un billet qui décide du sujet de l’examen. Comme ces programmes sont très étendus, l’épreuve est redoutable à subir, même pour un sujet travailleur et intelligent. De fait, les notes obtenues à la suite de ce mode d’examen très impartial, mais qui ouvre une large porte à la chance, se meuvent dans des limites très écartées. Faible ou excellente, la cote d’examen de fin d’année est mélangée avec les

  1. Jamais les adjudans n’assistent aux cours ; on juge que le professeur doit avoir assez d’autorité morale pour maintenir la discipline à lui tout seul. La nécessité impérieuse où se trouvent les élèves de griffonner beaucoup de notes en courant et de tracer des croquis embrouillés ne favorise guère, du reste, la dissipation en classe. Aussi la note de conduite dépend-elle surtout de la sagesse soit à l’étude, soit dans les cours de récréation, où les occasions d’être bavard, bruyant, indiscipliné, ne manquent pas.