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prompt que l’acier. Les domestiques reçoivent des gages énormes et chacun d’eux fait la besogne de plusieurs. Ils restent généralement peu de mois dans la même place ; comme ceux qui les emploient, ils sont agités et réclament du changement. Il convient au maître de maison de renvoyer tout son monde pour aller plus librement voyager à l’étranger ou dans son propre pays habiter un hôtel monstre ; et il convient également aux domestiques d’aller dans l’hôtel monstre en question gagner des gages redoublés durant la saison où se presse la foule ; de sorte que les anciens serviteurs, sauf les nègres, dans les États du Sud, sont un luxe inconnu. À l’Ouest, la difficulté d’obtenir un autre service que celui d’Irlandaises malpropres augmente chaque année. Si l’on considère le flot de l’émigration, c’est incompréhensible. Une dame établie au Colorado a fourni le renseignement qui suit : — On ne pense guère à s’informer de la moralité d’une bonne, c’est elle qui se renseigne sur la vôtre. La première année de mon installation ici, je n’ai pu me procurer personne, — on ne me connaissait pas. Ensuite, ces demoiselles ont été moins rigoureuses.

Il y a des légendes sur les helps, les auxiliaires américains, qui semblent inventées à plaisir ; par exemple, l’histoire de la cuisinière qui, abordant une nouvelle place, fait insérer dans le journal de l’endroit, à l’article déplacemens :

« Miss Sally Dexter est arrivée de Denver en visite chez M… de cette ville. »

Jamais un domestique ne vous dit monsieur. Le garçon d’hôtel à qui vous demandez un plat va le chercher sans répondre, après quoi il se penche sur le dossier de votre chaise pour écouter la conversation. Dans un café de Pittsburg, Hamilton Aidé se crut attaqué par un individu qui ne voulait que lui enlever poliment son chapeau, ce qu’il comprit en le voyant accrocher cet objet à une patère. Simple excès de zèle.

On conçoit que la plupart des singularités prises en note par M. Aïdé (il se hâte de nous en avertir) ne s’appliquent pas aux grandes villes de l’est, mais plutôt à un état de choses encore primitif qui tend à s’effacer. C’est à Colorado-Springs, par exemple, qu’il constata une singulière habitude assez répandue dans les petites localités de l’ouest, celle de se servir de l’église pour y célébrer des fêtes qui n’ont rien de sacré. S’il ne citait pas textuellement un compte-rendu publié par le journal de l’endroit, on aurait peine à croire au Japs entertainment, divertissement donné ainsi dans la première église méthodiste par les jeunes filles d’une école du dimanche, toutes affublées de noms et de