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même dans les deux saisons[1]. En résumé, la quantité de pluie tombée sur Paris en un an équivaut à peu près à une couche d’eau de 489 millimètres d’épaisseur, épandue sur les 7,802 hectares de la superficie de la ville, supposée pour un instant parfaitement horizontale. C’est un volume de 38 millions de mètres cubes. Si la pluie tombait régulièrement chaque jour, on en aurait un volume quotidien de 104,000 mètres. Mais il n’y a en moyenne que 120 jours de pluie par an, et qui sont loin de se ressembler. Tantôt ce sont des bruines légères qui mouillent à peine le sol, sans y produire de ruissellement ; tantôt, mais rarement, de violentes averses, d’assez courte durée, s’épanchent en cataractes, qui en une demi-heure représentent quelquefois plus de 100,000 mètres cubes. Quoi qu’il en soit, réunies aux eaux des deux distributions, celles de la pluie forment un volume annuel d’environ 200 millions de mètres. L’édilité, toutefois, n’a pas à prendre souci de leur masse entière. Une partie s’évapore spontanément : l’ébullition ménagère ou industrielle en renvoie aussi quelque peu aux nuages. Puis, si le dallage de nos trottoirs, l’asphalte comprimé, les pavés en bois, et le béton, qui forme l’infrastructure de certaines de nos modernes chaussées, sont à peu près imperméables, les joints du pavage ordinaire, le macadam lui-même, et surtout les sols de nos jardins et des promenades, se laissent facilement pénétrer. Une partie des eaux de la surface va s’unir aux nappes liquides du sous-sol parisien. C’est, — une expérience prolongée le constate, — le quart, à peu près, du volume total qui disparaît ainsi. Il n’en reste pas moins à expulser une quantité annuelle de 150 millions de mètres cubes, avec cette circonstance aggravante que le volume en varie d’une saison à l’autre, d’un jour au suivant, et n’est pas le même aux divers instans de la journée. Sans parler de l’irrégularité de la pluie, les eaux du service public, abondantes le matin, rares pendant le jour, s’arrêtent à peu près complètement quand arrive la nuit ; l’afflux de celles de l’industrie n’a

  1. Hauteur de la lame d’eau représentant la pluie tombée en 1889 :
    La Monnaie 528 m/m.
    Passy 516 —
    Buttes-Chaumont 490 —
    Saint-Victor 473 —
    Panthéon 467 —
    Monceau 448 —
    Vaugirard 446 —
    Ménilmontant 425 —


    Moyenne, 489 m/m ; en hiver, 221m/m ; en été, 268 m/m.
    Moyenne du nombre des jours de pluie, 119 ; en été, 60 ; en hiver, 59.