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M. Pownall estimait encore à 9 1/2 pour 1000 le rapport du numéraire aux billets de banque et aux lettres de crédit dans les recettes totales de dix banques de Londres. On voit que l’économie du numéraire avait fait de grands progrès dans l’espace de sept années. Une des causes en est le développement continu de l’emploi des chèques. M. Bertram Currie, président du conseil des finances de l’Inde, en insistant sur ce fait devant la commission d’enquête sur l’or et l’argent, en citait un exemple remarquable. En 1880, le nombre des chèques tirés sur les banques de province, auxquelles la maison Clyn et Cie servait de correspondant, atteignit pour trois jours 19,950, sur lesquels 462, c’est-à-dire 2 1/4 pour 100, étaient au-dessous d’une livre ; en 1887, pour les trois jours correspondans, le nombre total des chèques a été de 35,090, dont 1,481 ou 4 pour 100 au-dessous d’une livre. Le progrès est visible, et cependant, pour les petites sommes, le chèque rencontre un concurrent dans le bon de poste créé en 1880 et qui a pris une extension rapide. En 1881, il en a été délivré 4 millions et demi, pour une valeur de 2 millions sterling ; le nombre s’en est élevé à 25 millions trois quarts en 1886 et à 31 millions en 1888, représentant une valeur de 300 millions. Il est un nouvel instrument de crédit qui a fait son apparition depuis quelques années et qui produira une révolution dans le commerce international, c’est le mandat télégraphique. Il y a peu d’années encore, lorsqu’on voulait, de New-York, régler une affaire avec Londres, il fallait, si l’on employait les espèces métalliques, les faire assurer ; si l’on se servait de traites ou de billets de banque, on les coupait transversalement en deux et on expédiait les deux moitiés par deux paquebots différens. Aujourd’hui, les banques continuent à recevoir comme autrefois les effets causés par opérations commerciales ; mais, au lieu de fournir en échange des traites aux termes d’usage, elles donnent des mandats télégraphiques. « Ce moyen, disait M. Birch, dans une allocution à l’Institut des banquiers de Londres, permet au marchand de Hong-Kong, de New-York ou de tout autre partie du monde, de calculer exactement le coût de son opération comme s’il était à Londres. Il n’est plus question pour lui d’escompte, de timbre et autres frais, il balance là-bas son opéra-ration tout aussi aisément que s’il était dans Lombard-Street. Les affaires sûres se font maintenant à si bon marché qu’un écart minime suffit pour rendre possible l’échange de l’effet commercial contre le chèque international dont je viens de parler. » Ainsi, tout conspire dans le monde entier à rendre le règlement des transactions aussi rapide et aussi économique que possible. Que signifierait, à l’encontre du courant universel, d’ajouter de nouveaux écus