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LE
TARIF MINIMUM
ET LES
CONVENTIONS COMMERCIALES.

La France a-t-elle eu raison de répudier la politique des traités de commerce ? A-t-elle lieu de se féliciter d’avoir si allègrement accepté, sur la foi des prophètes du protectionnisme, un régime d’isolement économique qui peut, au hasard des circonstances, et selon le caprice des gouvernemens étrangers, fermer successivement à son industrie ses plus sûrs et plus lucratifs débouchés ? Tel est le problème actuellement posé devant l’opinion et devant les pouvoirs publics, à propos de la convention commerciale franco-suisse.

Il peut paraître prématuré d’agiter de nouveau cette question, alors qu’il s’est écoulé moins d’une année depuis la mise en vigueur de notre nouveau tarif douanier, et quand on ne saurait encore invoquer le verdict d’une expérience suffisamment prolongée. Bien des raisons toutefois rendent utile, urgent même, un rappel de la cause. Les premiers relevés de l’administration des douanes, effectués sous le nouveau régime, accusent déjà de graves mécomptes, aussi bien pour le rendement des droits établis à l’entrée des marchandises que pour l’activité de notre commerce d’exportation. Nos relations avec plusieurs pays voisins sont maintenues dans le plus fâcheux état d’incertitude. Nous sommes peut-être à la veille de rompre les liens qui nous unissaient de tout temps, sur