Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 115.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

immédiatement l’avance que la spéculation venait de donner à notre fonds national Le détachement du coupon trimestriel ramenait, dès le milieu du mois, le niveau des cours au-dessous de 99 francs. Un brusque mouvement de baisse a suivi la demande de poursuites présentée par le gouvernement contre dix membres du parlement, le 3 pour 100 s’est négocié pendant quelques minutes au-dessous de 97 francs. Un vote de confiance obtenu par le cabinet Ribot a été le prétexte d’une reprise imprudente à 98. Après le départ des chambres, les cours se sont alourdis de nouveau, et la rente a fléchi jusqu’à 96.50.

En fait, le 3 0/0 a baissé en décembre de 2 francs environ en plus de la valeur du coupon détaché. L’amortissable a suivi le fonds perpétuel. Le 4 1/2 a reculé à peine de quelques centimes. Nos fonds publics ont donc gardé une attitude relativement assez ferme, ce qui s’explique par le peu d’inquiétude que les incidens ont inspiré aux porteurs d’inscriptions de rentes et par l’extrême abondance des capitaux, phénomène inusité à la veille de l’échéance, en général très chargée, de la fin de l’année. Le parlement s’est séparé sans même avoir entamé l’examen du budget ; en revanche, la chambre des députés a rejeté la proposition d’entente commerciale avec la Suisse, ce qui va mettre aux prises avec de nouvelles difficultés notre commerce d’exportation. La loi des deux douzièmes provisoires contient un article d’une grande importance pour les déposans des caisses d’épargne. À partir du 1er janvier 1893, l’intérêt bonifié par la Caisse des dépôts et consignations aux caisses d’épargne est réduit de 3.75 à 3.50 0/0. L’intérêt servi par ces caisses à leurs déposans sera abaissé d’autant et les déposans à la caisse d’épargne postale ne toucheront plus que 2.75 0/0.

Les fonds étrangers ont été plus ou moins atteints par la réaction pendant cette dernière quinzaine. L’emprunt russe d’Orient a fléchi de 66.30 à 65.60, le Consolidé 4 0/0 de 97.80 à 97.25, le 3 0/0 de 80 fr. à 79.35. La rente italienne a baissé de 93.45 à 92.55, le 1 0/0 turc de 21.90 à 21.40, l’Extérieure d’Espagne de 64.10 à 63.10. Le Hongrois s’est bien tenu à 97 fr., le Portugais s’est relevé de 50 centimes à 22 15/16.

Les titres de quelques-uns des établissemens de crédit ont été fort éprouvés pendant les deux dernières semaines. Le Crédit foncier a baissé de 1,043.75 à 1,000 francs, la Banque de Paris de 680 à 650, le Crédit lyonnais, de 782.50 à 760 ; le Comptoir national d’escompte de 510 à 490. Le Crédit foncier a été surtout visé par une spéculation à la baisse, qui s’efforce de peser sur les cours des obligations en inspirant aux porteurs de ces titres des craintes sur la sécurité d’un placement qu’ils considéraient comme à l’abri de toute atteinte. Les allégations jadis portées à la tribune de la chambre et plus récemment à celle du sénat contre la direction donnée aux opérations de notre