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améliorer le cours du Rhône entre Arles et Lyon : cette question, soumise aux délibérations d’une commission inter-départementale réunie à Lyon en 1875, fit l’objet d’un projet de loi adopté le 17 mars 1878 par la chambre des députés et qui engageait une dépense de 45 millions.

Au sein de cette assemblée inter-départementale, M. Charles Gounelle, délégué municipal de Marseille, tout en appuyant énergiquement les projets d’amélioration du Rhône, d’Arles à Lyon, préconisa l’idée de faire aboutir ce fleuve à Marseille au moyen d’un canal. La conception n’était pas nouvelle : elle remonte au règne de Louis XII, à l’année 1507. Mais pour la première fois, M. Marchand, colonel-directeur du génie à Marseille, venait de lui donner une forme vraiment pratique en proposant un canal souterrain traversant le massif de la Nerthe pour déboucher ensuite dans l’étang de Berre. Lors de la discussion de la loi autorisant les travaux d’aménagement du Rhône, le ministre, se rappelant sans doute ce passage du rapport de M. Krantz à l’assemblée nationale : « Si l’on se bornait à conduire nos voies navigables jusqu’à l’embouchure du Rhône, Marseille y perdrait assurément ; mais notre réseau de navigation y perdrait encore plus ; » le ministre prit l’engagement de construire plus tard un canal de jonction. Enfin, le 21 juin 1878, M. de Freycinet, ministre des travaux publics, prononçait ces paroles à l’occasion du voyage officiel qu’il fit à Marseille : « Un canal de jonction du Rhône à Marseille me paraît avoir une importance considérable pour notre commerce. Je ne puis me faire à l’idée que la capitale des Bouches-du-Rhône soit séparée du fleuve. »

Ces promesses furent d’abord suivies d’effet : un avant-projet fut dressé en 1879 par M. l’ingénieur en chef Bernard, puis complété par son successeur, M. Guérard. La même année, le ministre ; des travaux publics faisait demander au département des Bouches-du-Rhône, à la ville et à la chambre de commerce de Marseille, de prendre à leur charge le quart de la dépense totale évaluée à 80 millions. Ces propositions furent immédiatement acceptées.

L’enquête d’utilité publique à laquelle il fut ensuite procédé donna lieu à des dépositions en grande majorité favorables et que le rapporteur de la commission, M. Barthelet, actuellement directeur du Sémaphore et membre de la chambre de commerce, résumait ainsi : « Il y a nécessité pressante d’établir un canal qui mette Marseille en rapport direct avec le Rhône et le réseau fluvial. La commission donne son approbation entière au projet mis à l’enquête, remercie le gouvernement d’avoir fait l’étude du projet,