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mausolée les tombes de trois personnages éminens, n’appartenant pas à leur famille. Les deux premiers sont les enfans de Mir-Barakbat, dont les pierres tombales, peu importantes, en marbre gris, sont placées à côté de celle de leur père. L’autre est un vizir de Timour, le Kimari-Inaak, qui est enterré entre Ouloug-Beg et Chah-Rokh ; sa pierre funéraire, comme celle de ses deux voisins, est brisée et les morceaux incomplets en ont été reliés avec du plâtre.

Aucun des sarcophages qui viennent d’être décrits ne renferme de corps en réalité : ce ne sont que des cénotaphes. Un escalier placé dans un angle de la chapelle conduit à une crypte située exactement au-dessous de celle-ci et où se trouvent les véritables cercueils. Ces derniers sont disposés à peu près dans le même ordre que ceux qui leur correspondent dans la chapelle supérieure et, à quelques très légères différences près, chaque mort est placé au-dessous de la pierre tombale qui, au rez-de-chaussée, porte son nom. La principale différence consiste en ce que Chah-Rokh remonte à la droite de Timour, tandis que le second fils de Saïd-Mir-Barakhat vient prendre place entre le même Chah-Rokh et le Kimari-Inaak. Les tombes de la crypte sont un peu plus grandes que celles de la chapelle supérieure. Le vrai cercueil de Timour est tout simplement en calcaire, lithographique très dur, d’un gris jaunâtre, couvert d’inscriptions. Il est cassé en deux morceaux. S’il faut ajouter foi à la tradition, d’ailleurs contestée, d’après laquelle la pierre tombale de Timour aurait été, au XVIIIe siècle, enlevée par Nadir-Chah et transportée en Perse, ce serait à la pierre de l’étage inférieur que s’appliquerait ce détail historique, et ce serait elle qui aurait été remplacée. Toutefois, les caractères qui couvrent la dalle actuelle sont bien du même style que ceux des autres tombeaux voisins et ils ne paraissent pas être modernes. Le cercueil de l’aumônier et celui du vizir sont intacts, et les textes qui s’y trouvent ciselés sont encore parfaitement lisibles. Le premier est en calcaire gris de l’étage carbonifère, le second en marbre gris, légèrement veiné de noir. Ce dernier est du même modèle que le sarcophage dédié à Chah-Rokh dans la chapelle du haut, mais il est moins beau et moins bien ouvragé. La tombe d’Ouloug-Beg, en calcaire saccharoïde d’un gris verdâtre, est ici bien conservée. Celle de Djehan-Guir n’est qu’un bloc sans inscription : elle n’a pas été terminée, ou bien ce n’est que le soubassement de l’ancien tombeau aujourd’hui disparu. Quant à tous les autres sarcophages, ils sont actuellement en plâtre, c’est-à-dire qu’ils ont été détruits et que les fragmens en ont été dispersés.

Pour ne pas prolonger outre mesure une nomenclature aride, nous n’en dirons pas davantage sur le Gour-Émir. Mais nous