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REVUE MUSICALE

Théâtre-Lyrique : Madame Chrysanthème, comédie lyrique en quatre actes, un prologue et un épilogue, d’après M. Pierre Loti ; poème de MM. George Hartmann et André Alexandre ; musique de M. André Messager. — Conservatoire : la Lyre et la Harpe, de M. C. Saint-Saëns.

Dieu m’est témoin, comme on dit en style noble, que je prétendais aborder aujourd’hui les idées générales et les questions de principes, rien ne prêtant comme la reconstitution obligée, tous les trois ou quatre ans, d’un Théâtre-Lyrique, aux considérations d’histoire et d’esthétique contemporaine. On fait en pareil cas le recensement, puis la comparaison des salles tour à tour ouvertes et closes ; on démontre bien ou mal (plutôt mal) que le public parisien ne saurait vivre sans une troisième scène musicale ; on parle des « jeunes », de l’avenir et des « débouchés nécessaires. » L’audition de la Lyre et la Harpe et la lecture de Falstaff m’ont détourné malgré moi de ces sublimes pensers. Il serait toutefois incivil de ne pas souhaiter bienvenue et fortune à l’entreprise de M. Détroyat, injuste surtout de dédaigner l’agréable japonerie de M. Messager. Injuste ! Nous l’avons été d’abord, en nous-mêmes, après une, voire deux auditions de cette comédie musicale, et depuis une lecture attentive, nous en sentons quelque remords. La partition est de celles à qui se doivent des excuses. Elle a des grâces délicates et distinguées. C’est un plaisir de la feuilleter à l’aise, de lier avec elle commerce, non pas sans doute, comme avec Falstaff, d’admiration passionnée, mais de sympathie, de gentille amitié ; on peut la regarder de près et la poser, comme un bibelot joliment travaillé, sur une étagère.