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millions de francs, atteint par les excédens des retraits de fonds sur les dépôts nouveaux aux caisses d’épargne, du 11 au 20 février. Les excédens de retraits depuis le 1er janvier s’élèvent au total de 78 millions. Dans la dernière décade, la Caisse des dépôts et consignations a dû vendre des rentes pour 2 ou 3 millions. D’autre part, le compte courant du Trésor à la Banque de France ne figurait plus dans le bilan du 16 courant que pour une somme de 61 millions, bien qu’une émission de bons du Trésor ait lieu en ce moment. Le bilan du 23 présente une augmentation de 15 millions environ dans l’avoir du gouvernement à la Banque, mais on remarque qu’il a fallu pour obtenir ce résultat que le ministre des finances fit escompter 25 millions de bons du Trésor, et que le chapitre des avances sur titres s’élevât à environ 15 millions.

La situation du marché monétaire ne se modifie pas. Les capitaux sont toujours aussi abondans et l’or continue à être expédié par envois réguliers de New-York en Europe, le congrès et le président des États-Unis ne prenant aucune mesure pour empêcher ce drainage et laissant à l’administration nouvelle qui va s’installer le 4 mars le soin de statuer sur le maintien ou l’abrogation de la loi de 1890 sur les achats d’argent.

À Berlin et à Vienne, l’optimisme domine. Le grand succès des conversions austro-hongroises a déterminé l’émission immédiate de la rente autrichienne or et l’opération de la réforme de la valuta marche à grands pas vers son exécution complète. La spéculation, de jour en jour plus confiante, ne ralentit point ses achats en valeurs locales ; les Chemins autrichiens, par exemple, ont monté de 25 francs à 668.75 et les Lombards, de 35 à 257.50, le Crédit foncier d’Autriche de 15 à 1,158.75, la Banque des pays autrichiens de 10 à 526.25.

À Berlin, aucune réaction sérieuse n’a suivi le mouvement qui s’était produit dans la première quinzaine du mois. La cote du rouble se maintient à 217 marks et à 266 francs, l’emprunt d’Orient a conquis le cours de 70 et reste à 70.90, le Consolidé et le 3 pour 100 1891 ont été offerts pendant quelques jours, mais se sont relevés sans peine à 98.60 et 79 francs.

La rente italienne, au milieu de tout le bruit qui se fait encore au-delà des Alpes à propos des affaires des banques d’émission, a été portée de 92.20 à 92.90. L’exposé financier de M. Grimaldi, malgré le froid accueil que lui ont fait le parlement et la presse, n’en a pas moins démontré au pays que le gouvernement s’était occupé d’une manière sérieuse de la question budgétaire et des moyens de combler le déficit. M. Crispi a pris nettement position contre le cabinet ; des assauts violons ont été livrés par l’opposition ; mais M. Giolitti a fait tête à l’orage, et la situation du gouvernement est plus forte aujourd’hui qu’il y a un mois. L’Extérieure d’Espagne s’est relevée de près de deux unités