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ROME ET LA RENAISSANCE

ESSAIS ET ESQUISSES[1].

CINQUECENTO.


IV. — AU SEUIL DE LA SIXTINE (1508).

En jetant un regard en arrière sur les trois ans passés au service de Jules II, Michel-Ange, avec le caractère qu’on lui connaît, ne pouvait que toujours garder rancune à l’homme au manteau, dont il venait d’élever la figure en bronze au portail de San-Petronio. Les conceptions colossales du mausolée de Saint-Pierre, les fatigues de tant de mois dans les mines de Carrare, les espérances aussi de « posséder des richesses, » — qu’avoue si ingénument le sonnet courroucé de 1506, — elles n’ont abouti, en fin de compte, qu’à un simple monument iconique dans une ville de province, monument que Rome ne connaîtra pas et auquel l’artiste lui-même ne semble pas avoir porté un intérêt très vif. Il est remarquable, en effet, que Buonarroti ne fait presque jamais mention dans la suite de cette statue aussitôt détruite que créée ; lui, qui parlera toujours avec

  1. Voir la Revue du 1er février.