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sont amicaux et très satisfaisans, que la France ne veut pas discuter le passé. » — M. Miceli n’étant pas convaincu et revenant à la charge tous les six mois : — « L’Europe entière et nos ennemis même ont vu que, pour la république française, Rome est au pape, comme elle l’était pour l’Empire, » M. Visconti-Venosta insistait (27 novembre 1872) ; il repoussait du pied « cet amas de nouvelles imaginaires et fantastiques qu’un trop grand nombre de journaux s’est plu à élever dans les derniers temps, parlant aujourd’hui de difficultés qui ne s’étaient jamais produites, demain de communications diplomatiques qui n’avaient jamais été faites, cherchant à exciter des susceptibilités auxquelles il manque un motif et créant artificiellement entre les deux gouvernemens un état de relations qui est loin d’être le vrai. » Les ingérences officielles, dont on parle, de la France dans les affaires italiennes « sont tout à fait imaginaires et je dois dire, poursuivait M. Visconti-Venosta, que même dans cet échange d’idées qui a lieu couramment entre les gouvernemens » et dans lequel il était naturel que la France exprimât l’espoir de voir l’Italie persévérer dans la voie de la modération et des égards dus au souverain pontife, même en ces échanges d’idées et en ces offices amicaux, « les représentans de la France ont apporté autant de réserve dans le fond que dans la forme, précisément pour ne pas donner prise à des nouvelles exagérées et à des interprétations malveillantes. »

Qu’il y ait en France un parti clérical, c’était un fait qu’il ne dépendait pas du gouvernement français de faire disparaître, et M. Visconti-Venosta ne pouvait le lui reprocher. À gauche, M. Mancini était forcé de le reconnaître, comme le ministre le reconnaissait (19 ou 20 mars 1873) : — « Nos irréconciliables ennemis sont d’accord, non pas avec une nation généreuse, mais avec la faction cléricale et légitimiste qui la tourmente et la déshonore, et qui est l’ennemie de la France autant que l’ennemie de l’Italie, parce qu’elle est ennemie de toute liberté et de toute civilisation. » — En 1875, on avoue que les relations de la France avec l’Italie sont bien meilleures qu’elles ne semblaient devoir l’être en 1871. En 1876, elles s’affermissent encore, et, après le 16 mai, elles n’ont pas empiré au point que M. Melegari ne pût pas rassurer le parlement italien. Il le rassurait pleinement, de toute sa conviction, de toute son autorité, en ces termes : — « Nous avons reçu, sans les provoquer d’une façon quelconque, puisqu’elles nous sont venues spontanément, soit du maréchal de Mac-Mahon, soit du duc Decazes, diverses communications, d’où nous tirons la persuasion que ni le président de la république française, ni, pour me servir de leur expression même, aucun de ceux qui composent le ministère ne veut rien changer dans les rapports de la France et de