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LES
MIMES GRECS

THEOCRITE, HERONDAS

L’antiquité grecque, que nous croyons connaître, ne nous est parvenue que fort incomplète, très diminuée, très mutilée, et il a fallu des hasards souvent singuliers pour qu’elle arrivât jusqu’à nous. Rien de plus capricieux, en particulier, que la transmission des œuvres littéraires. L’histoire des manuscrits et des circonstances qui en ont déterminé la rédaction, l’abondance ou la rareté dans les divers pays, la conservation, présenterait bien des lacunes ; mais elle resterait encore longue et curieuse. C’est depuis un siècle environ, et surtout dans ces derniers temps, que se sont produits les résultats les plus imprévus. En 1777, Matthaei découvre, dans une étable à porcs de Moscou, le grand hymne homérique à Déméter, précieux monument de la poésie antique et de la religion d’Eleusis, transporté là, par on ne sait quelle fortune, des monastères du mont Athos ou de quelque autre point de la Grèce. En 1847, au moment où, après des recherches médiocrement fructueuses dans les bibliothèques de l’Occident et de l’Orient, on désespérait de voir s’enrichir le trésor si appauvri des œuvres de premier ordre, les tombes égyptiennes commencent à nous livrer, d’abord par l’intermédiaire de voleurs arabes, les précieux restes qu’elles gardent depuis deux mille ans dans leurs papyrus. Ce sont,