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La Caisse des dépôts et consignations, pour faire face à ces remboursemens, vend des rentes aussi mécaniquement qu’elle en achetait quand chaque décade apportait son excédent de dépôts nouveaux. Aussi longtemps que la Caisse a acheté des rentes en Bourse, à raison d’un million environ en capital chaque jour, la hausse était inévitable, à travers les mouvemens variables que pouvaient provoquer les incidens. La marche du 3 pour 100 au pair a pu être aisément prédite et s’est réalisée avec une ponctualité mathématique.

Aujourd’hui, non-seulement la Caisse des dépôts n’achète plus, elle vend chaque jour des rentes pour un capital de plus d’un million, et de même que naguère les achats, suivis forcément de levées immédiates de titres, faisaient le vide sur la place, de même aujourd’hui les ventes, suivies de livraisons, produisent une abondance de titres flottans, et la baisse s’en est suivie, aussi inévitable que l’avait été la haussé ou la fermeté jusqu’à la fin de 1892.

En fait, le 3 pour 100 s’est peu à peu éloigné du pair, et n’est plus maintenant qu’à 96 francs. Les agitations politiques causées par l’affaire de Panama ont bien eu leur part dans ce mouvement de défaveur ; un habile mouvement de spéculation a pu précipiter un moment la rente à 93 francs. Mais elle s’est relevée au-dessus de 98 et se serait fort probablement maintenue tout au moins à ce niveau, si le taux d’intérêt servi aux dépôts des caisses d’épargne n’avait été abaissé à partir du 1er janvier.

La rente amortissable a partagé le sort du fonds perpétuel. Le 4 1/2, au contraire, est resté très ferme et se tient à son plus haut cours, soit 106.90.

Parmi les fonds étrangers, les plus favorisés ont été la rente Extérieure d’Espagne et le 3 pour 100 portugais. L’Extérieure avait été portée jusqu’à 68 1/2 avant le détachement du coupon trimestriel qui a eu lieu le 7 courant. Une réaction bien naturelle, après sept points de hausse, l’a fait reculer en deux Bourses à 66.50, mais le 12 courant, des demandes très actives l’ont relevée à 67.50 ex-coupon, c’est-à-dire à son plus haut prix. En même temps les actions des chemins espagnols ont repris leur marche. Le Nord de l’Espagne, parti de 170 en liquidation, s’est avancé à 182.50 ; le Saragosse s’attarde à 217.50 ; les Andalous ont atteint 377.50. Les recettes des Compagnies sont satisfaisantes, le change s’est un peu amélioré. Le dernier bilan de la Banque d’Espagne accusait une forte augmentation de la circulation fiduciaire, causée sans doute par les besoins du trésor pour l’échéance de la dette. Le parlement espagnol est réuni ; dès que la chambre se sera constituée par la vérification des pouvoirs, M. Gamazo présentera son projet de budget si impatiemment attendu pour les réformes qu’il doit proposer à l’examen des Cortès.