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résultats financiers a-t-il obtenus ? Enfin quel a été l’emploi de ses bénéfices ? Tous ces points sont également intéressans à élucider.

Il est incontestable que le coefficient d’exploitation, c’est-à-dire le rapport des dépenses aux recettes, a diminué sur les chemins de fer de l’État depuis 1878 jusque dans ces dernières années. Ce coefficient, qui n’était guère descendu au-dessous de 62 pour 100 dans la période de 1872 à 1878, s’est maintenu ensuite dans une moyenne de 55 pour 100 jusqu’à l’année 1889. Mais cette comparaison n’est pas concluante. Il nous serait facile de montrer que d’une manière générale le coefficient d’exploitation des anciens réseaux privés était plus faible que celui du réseau d’État[1] ; qu’en particulier les mêmes groupes de lignes, exploités successivement par les compagnies et par l’État, ont vu leur coefficient s’augmenter sous cette dernière administration[2] ; qu’enfin, depuis 1880, le coefficient d’exploitation du réseau d’État prussien a été constamment plus élevé de 3 à 4 pour 100 que celui de l’ensemble des compagnies françaises, bien que le trafic de ces dernières se soit beaucoup appauvri relativement à celui des lignes allemandes. Mais les données de la statistique sont trop incertaines pour qu’on puisse en tirer des conclusions formelles. Bornons-nous à faire remarquer qu’un certain nombre de causes particulières ont permis à l’État de réduire son coefficient d’exploitation. Le rachat a mis entre ses mains un certain nombre de lignes d’une exploitation plus fructueuse que celles du réseau qu’il possédait antérieurement, et de ce chef seul le rapport de la dépense à la recette s’est amélioré. La fusion des réseaux a eu encore une influence favorable en permettant sur bien des points la simplification du service, la réduction des écritures et du personnel, la suppression de certaines dépenses, telles que celles résultant du loyer des gares communes, des comptes d’échange du matériel roulant, etc.

Une autre cause d’économie importante réside dans la diminution continue des prix du charbon de 1876 à 1885. La tonne de houille qui, en 1876, coûtait 20 francs à l’administration des chemins de fer de l’État, n’en coûtait plus que 10 en 1885, et

  1. Jusqu’en 1880, le coefficient d’exploitation du réseau de l’État a été constamment plus élevé de 3 à 4 pour 100 que celui de l’ensemble des lignes prussiennes.
  2. D’après un article publié en 1888 par M. A. Raffalovich dans l’Économiste français, en 1878, le coefficient d’exploitation du réseau de Cologne-Minden (1,092 kilomètres), géré par l’industrie privée, était de 44.2 pour 100 ; en 1884-1885, ce même réseau, exploité par l’Etat, avait un coefficient de 50.45 pour 100 ; de même pour les lignes du Rhin (1,059 kilomètres), lu coefficient d’exploitation passait de 44.9 pour 100 en 1878, sous la gestion privée, 4 55.6 pour 100 en 1884 sous l’administration de l’État.