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FRANÇOIS OGIER
ET
SON JOURNAL DU CONGRÈS DE MUNSTER

Le manuscrit de François Ogier, que M. Auguste Boppe a retrouvé à la Bibliothèque nationale et qu’il vient de publier en l’accompagnant d’une excellente introduction, n’ajoute rien d’essentiel à l’histoire du célèbre congrès de Munster[1]. Ce n’est, comme le dit M. Boppe, que « l’éphéméride d’un témoin de ce grand événement ; mais ce journal apporte, au milieu des innombrables volumes publiés sur les traités de Westphalie, une note personnelle qui faisait défaut jusqu’ici. » François Ogier était un de ces hommes de lettres comme il y en eut beaucoup de son temps, qu’on peut comparer aux arbres qui n’ont que des feuilles. La postérité, qui ne regarde qu’aux fruits, l’a complètement oublié. Il eut cependant sa part de gloire et il avait su se faire une place honorable dans la société littéraire de la première moitié du XVIIe siècle.

Devenu l’aumônier de l’un des plénipotentiaires français, le comte d’Avaux, il fut emmené par lui en Westphalie et employé à beaucoup de choses. Il écrivait des lettres, rédigeait des brochures politiques, composait des vers de circonstance et dans l’occasion le scénario d’un ballet. Plus souvent, il prêchait ; pendant que son patron négociait, il montait en chaire pour exhorter les empereurs, les rois et leurs ministres « à ouvrir enfin les yeux de leur pitié sur la désolation de

  1. Journal du congrès de Munster, par François Ogier, aumônier du comte d’Avaux, 1643-1647, publié par Auguste Boppe. Paris, 1893 ; Plon.