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exécuter la totalité de ce travail chimique ? C’est une question que nous posons sans la résoudre encore : tout semble indiquer cependant qu’elles y suffisent.

Si la teneur normale de l’air en oxygène est constante, ou sensiblement telle, il ne faut pas oublier que selon les conditions il y a tendance locale à l’abaissement ou à l’élévation de la proportion habituelle. L’air diminue en oxygène dans les lieux encombrés par une agglomération d’êtres vivans, ou par la présence de substances qui s’oxydent lentement ou rapidement, dans les salles publiques, par exemple, ou dans les mines ; et l’analyse chimique de l’air révèle aisément la situation ; partout où il y a consommation d’oxygène sans circulation d’air suffisante, le taux de l’oxygène s’abaisse nécessairement. Mais ce sont là des accidens locaux qui ne retentissent point sur la composition de l’atmosphère dans son ensemble ; pas plus que ne le font les cas inverses où, comme dans les forêts, il y a dégagement abondant d’oxygène.

Considérons maintenant l’azote. Ce gaz, nous l’avons dit, a été découvert par Priestley, et Lavoisier a montré qu’il entre dans le mélange que nous connaissons sous le nom d’air. Plus léger que ce mélange, il en occupe les 79/100 en volume. Il n’est ni comburant, ni combustible, il ne sert point à la respiration, il ne peut entretenir la vie. Ce n’est point qu’il soit toxique, mais il est inerte, indifférent, inactif au point de vue respiratoire. Nos connaissances à l’égard de son origine sont limitées. Nous savons que certaines sources thermales, les sources sulfureuses en particulier, en dégagent ; nous savons que les animaux en excrètent aussi, qu’ils ont absorbé avec l’air respiré, et c’est tout. Comme l’oxygène, il paraît se présenter dans l’air en tous lieux dans la même proportion.

Les deux élémens, oxygène et azote, constituent la plus grande partie de l’air : ce sont ses parties essentielles. Celles qu’il nous faut maintenant considérer ne s’y trouvent qu’en proportion très faible et variable ; on pourrait presque dire que ce sont les accessoires de l’air, si l’analyse ne nous montrait qu’elles jouent dans la vie des êtres un rôle presque aussi considérable que les élémens fondamentaux et essentiels.

Le plus important de ces élémens accessoires est l’acide carbonique, l’acide crayeux de Van Helmont. L’air en contient de très faibles quantités : 4 ou 5 volumes pour 10,000 volumes d’air. C’est un gaz relativement très lourd et que Priestley avait déjà reconnu être impropre à l’entretien de la respiration ou à la combustion. Les proportions où il se présente dans l’air ne sont point fixes ; elles varient, selon les lieux et les conditions, beaucoup plus que ne