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intensité différente, la première étant de beaucoup la plus active, bien qu’elle ne s’opère que de jour. Si elle ne l’était pas, et si les deux fonctions se faisaient exactement équilibre, la plante ne saurait s’accroître, perdant d’un côté ce qu’elle acquerrait de l’autre.

C’est par les feuilles principalement, et par les racines, à un moindre degré, que s’absorbe l’acide carbonique de l’atmosphère, et, de toutes façons, il faut que ce gaz passe par les feuilles, par les parties vertes, nourries de chlorophylle, pour être utilisé par la plante.

Nous voyons donc que ce poison violent, ce gaz absolument nuisible à la vie des êtres, et qui les tue du moment où il s’accumule dans l’atmosphère en proportions même faibles, est une des bases essentielles de la vie du globe. S’il venait à disparaître de l’air, la végétation s’éteindrait du même coup, et en l’absence de celle-ci, il suffirait de quelques jours pour amener la mort de tout ce qui respire et se meut à la surface de notre planète. Oui, l’acide carbonique est un poison, une substance très nuisible à la vie ; mais elle lui est aussi nécessaire et indispensable dans les proportions où elle se trouve dans l’atmosphère qu’elle est fatale quand elle y occupe une place plus importante.

Tels sont les rapports de l’air, envisagé au point de vue de sa composition chimique, avec la vie telle qu’elle se manifeste sur la terre, de l’air normal considéré en dehors de toute viciation d’origine artificielle, de l’air physiologique, si l’on veut.


III

Nous aborderons maintenant un autre côté de la question complexe que nous nous sommes posée, et c’est de l’air en tant que corps pesant que nous allons nous occuper. C’est là un point de vue qui mérite, tout autant que le précédent, d’attirer notre attention, à raison des connexions très certaines qui existent entre la vie et la pression atmosphérique.

L’atmosphère est pesante, comme nous l’avons dit, et l’air pèse sur la terre et sur les êtres qui la peuplent. Cette pesanteur varie selon les niveaux, étant moindre dans les régions élevées, et plus grande dans les régions basses. À mesure que le baromètre voyage des cimes des grandes chaînes vers les plaines, puis arrive au niveau des mers, et s’enfonce ensuite dans les profondeurs des mines, la pression s’accroît visiblement. Les petits écarts de pression ne sont guère ressentis par l’être vivant, mais il n’en va pas de même