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les mouvemens atmosphériques, influence due tout entière à la nature même de ce qu’ils transportent.


IV

Nous avons considéré les relations des êtres vivans avec la composition chimique de l’air, avec sa pression, avec ses mouvemens : il nous reste à considérer les relations de ces êtres avec son contenu. L’air renferme beaucoup d’élémens accidentels, secondaires, inconstans. Les uns sont gazeux : ce sont par exemple des gaz, généralement toxiques, produits naturellement ou artificiellement comme l’oxyde de carbone, les carbures d’hydrogène, et mille autres encore. Nous n’en parlerons pas ici, car, en somme, on peut trouver dans l’air, selon les conditions et les lieux, tous les corps de la chimie, et leur présence est accidentelle. Ceux dont nous voulons parler ici sont normaux, tout en étant accessoires, et nous considérerons principalement parmi eux la vapeur d’eau et certaines matières solides, vivantes ou inanimées ; laissant de côté les poussières minérales rejetées par les volcans, dues à l’industrie, ou prises au sol même.

La vapeur d’eau est sans cesse répandue dans l’atmosphère, sous forme de nuages ou de brouillards, et aussi sous forme de vapeur invisible. C’est de cette dernière que nous voulons surtout parler. Son origine est double. Une partie en est fournie par l’évaporation des eaux répandues dans les mers, les fleuves et le sol. Cette évaporation est déterminée par la température de l’air, à la fois, et la quantité de vapeur d’eau déjà contenue dans celui-ci. Une autre partie est fournie par les êtres vivans, par la transpiration pulmonaire et cutanée des animaux, par l’évaporation dont les feuilles des plantes sont normalement le siège. Cette production de vapeur d’eau par les êtres vivans est très variable, et subit des modifications considérables selon différentes conditions extérieures. Un animal ou un homme qui respire dans un air très sec produit beaucoup de vapeur d’eau, puisque l’air qu’il expire en est saturé ; mais s’il respire dans un air très humide, il en rend à peine et ne fait guère que rendre à l’atmosphère l’humidité qu’il vient de lui prendre. L’humanité entière déverse dans l’atmosphère environ 15 milliards de kilogrammes d’eau par vingt-quatre heures, mais c’est bien plus une restitution qu’une création qu’elle opère ainsi. Pareillement, les végétaux donnent peu de vapeur d’eau à l’air s’il en est très riche ; mais si l’air est sec, ils en abandonnent des quantités énormes. On a pu calculer, par exemple, qu’un bois de cinq cents arbres adultes, vigoureux, donne près de 4,000 tonnes