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recouvrer son rôle monétaire d’autrefois, les États-Unis rappelleront le Shermann bill, en vertu duquel le trésor en achète chaque année 54 millions d’onces ; l’Inde anglaise finira par suspendre la frappe des roupies et alors on ne peut prévoir le prix auquel tombera l’argent. Les mines les moins bien outillées, les moins bien desservies par les voies de communication devront cesser leur exploitation. Un certain nombre sera certainement dans ce cas au Mexique. Aussi depuis quinze ans le gouvernement et tous les hommes intelligens cherchent-ils à reporter sur les mines d’autres métaux et sur l’agriculture les capitaux du pays et ceux qu’on peut espérer attirer de l’étranger. Une loi du 12 juillet 1892 a amélioré considérablement le régime légal des mines en donnant aux concessionnaires une pleine sécurité et en supprimant les déchéances qui autrefois pouvaient les frapper pour défaut d’exploitation.

En ce qui touche les mines autres que celles d’argent, tout est à faire. Le cuivre, le zinc, l’étain, le fer, sont en abondance ; mais toutes ces richesses demeurent stériles, en dehors de quelques petites exploitations de zinc et d’étain et des gisemens cuprifères de Boléo dans la Basse-Californie. Ces derniers appartiennent à une compagnie française fondée par M. de Rothschild, et, malgré de grandes difficultés du côté de la main-d’œuvre, ils ont produit en 1892 6,415 tonnes de cuivre pur. Mais dans ce pays où se trouve la merveilleuse montagne de fer magnétique de Durango, il n’y a que quelques petites forges à bois ; toutes les machines, tous les rails viennent d’Europe ou des États-Unis ! C’est que, sans houille, les plus grandes richesses minérales ne servent de rien aujourd’hui. Le Mexique a-t-il des gisemens houillers, capables d’alimenter ses usines et ses chemins de fer ? C’est la grande question, d’où dépend son avenir. Les géologues ont reconnu des bassins houillers dans la Sonora, dans l’État de Cohahuila au Nord, dans celui de Puebla et enfin dans les États de Guerrero, Oajaca, Michoacan, Hidalgo, situés dans le centre et le sud de la république. Mais jusqu’à ce que ces houillères aient été exploitées sérieusement, on ne connaît pas leur valeur réelle, et il ne peut être question de les exploiter tant que les chemins de fer ne les ont pas atteintes. Actuellement, deux mines près de Cohahuila sont en exploitation, grâce à leur proximité du Central Ferrocarril ; mais leur éloignement du centre du pays fait qu’en dehors de quelques fonderies à Cohahuila même, elles trouvent leurs débouchés dans la région voisine des États-Unis. En attendant, dans l’intérieur, les locomotives sont chauffées avec du bois, ce qui achève la dénudation des hauts plateaux.

Quant à l’agriculture, la sécurité et la confiance en l’avenir que