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l’on a aujourd’hui font que les propriétaires ne craignent plus de résider sur leurs terres et sont disposés à y engager leurs capitaux. Jadis, tous leurs efforts tendaient à se faire envoyer le produit de la vente de leurs sucres et de leurs catés, à Londres et à Paris, et à s’y constituer, à l’abri des révolutions, des moyens d’existence qui leur permissent de vivre loin de leur pays. Cet état de choses est heureusement changé. Les agriculteurs mexicains ont des comices agricoles ; ils tiennent des réunions générales où ils s’occupent des améliorations à apporter aux systèmes de culture, où ils réclament surtout des droits protecteurs, encore plus élevés que ceux que leur accorde le tarit actuel. La vérité est qu’ils produisent le blé, le maïs et l’orge plus chèrement qu’aux États-Unis ; mais la raison en est dans l’imperfection de l’outillage et de l’organisation agricoles ainsi que dans le poids des impôts intérieurs qui grèvent la production et la circulation. Si le gouvernement écoutait leurs réclamations, il couperait court à tout progrès.

Les conditions de l’agriculture mexicaine varient du tout au tout, selon les régions de cet immense pays.

La plus grande partie de sa superficie est occupée par ce qu’on appelle la table centrale. Ce sont de hauts plateaux s’étageant entre 1,500 et 3,000 mètres d’altitude qui servent de base au prolongement des montagnes Rocheuses, la Sierra Madre. La pluie y est fort rare. Elle tombe parfois en masses énormes ; mais, comme la latitude ne permet pas à la neige de se former, si ce n’est sur des pics de 4,000 à 5,000 mètres, les cours d’eau et les sources y sont fort peu importans. Les neuf dixièmes des États de Cohahuila, de Chihuahua, de Nuevo-Leon, de Tamaulipas, de Zacatecas, de San-Luis de Potosi (658,540 kilomètres carrés), le tiers de toute la république, appartiennent à cette région. C’est le prolongement des Staked-plains du Texas, des déserts désolés de l’Arizona. En dehors des villes, qui, comme Zacatecas et San-Luis, se sont formées au centre des exploitations minérales, la population est très clairsemée. Les oasis qu’alimentent quelques cours d’eau torrentueux ont une riche végétation. Autour de Parras notamment, dans l’État de Cohahuila, la vigne réussit remarquablement et quand les procédés de fabrication du vin seront adaptés aux conditions du climat, il peut s’y former un centre de production capable de rivaliser avec la Californie. À part ces points privilégiés, cette immense région ne produit qu’une herbe rare et de maigres arbustes, cactus et mesquites (mimosa nilotica) ; elle ne peut être utilisée que pour l’élevage en libre parcours des chevaux et des bœufs.

Les progrès de l’agriculture et de la population rendent