efforts de leurs éducateurs. Et cependant quand on lit le Querolus, une comédie de mœurs écrite en Gaule au ive siècle, on voit que les esclaves attachés aux grands domaines gallo-romains étaient alors dans un état moral à peu près semblable à celui des Indiens du Mexique. L’étude comparative de l’histoire peut seule donner une idée de la profondeur de l’élaboration morale qui s’est opérée dans ce moyen âge primitif que Montalembert a fait revivre en sa grande œuvre des Moines d’Occident.
L’Espagne catholique, qui au xvie siècle a eu une si merveilleuse expansion, qui au siècle suivant a produit des scolastiques et des mystiques si puissans, n’a pas eu les nombreux ordres hospitaliers et enseignans qui à la même époque marquèrent chez nous la renaissance chrétienne et se personnifient dans les Filles de la charité et les Frères de la doctrine chrétienne. Aux premiers temps de la conquête, on comprit que c’était par la femme qu’il fallait commencer l’éducation morale de la race indienne, et une riche fondation, l’Enseñança, fut faite dans cette intention à Mexico ; mais elle demeura isolée. Quand on rapproche de la triste condition morale et matérielle des Indiens mexicains les intérieurs respectables des descendans des Hurons et des Montagnais au Canada, on voit toute la supériorité du catholicisme français au siècle de Louis XIV ; car toutes les institutions religieuses de notre ancienne colonie datent de cette époque. Qui fera aujourd’hui ce que les siècles passés n’ont malheureusement pas su faire ?
L’église mexicaine actuelle, grâce à la réforme profonde qui s’est accomplie dans son sein et au zèle éclairé de son nouvel épiscopat, pourrait certainement accomplir cette œuvre à la longue. Mais son action est resserrée par une législation sectaire dans les plus étroites limites. L’école et l’assistance du peuple lui ont été enlevées. Le parti qui est au pouvoir depuis vingt-cinq ans, a édicté l’instruction laïque, gratuite et obligatoire ; mais, malgré les déclarations optimistes du président Portirio Diaz à l’ouverture du congrès le 1er avril dernier, il n’y a à attendre de ces lois que des places à donner à la gente illustrada qui se multiplie chaque jour dans la société mexicaine et meurt de faim.
D’autres administrateurs, quelque peu économistes, ont pensé qu’en créant des besoins nouveaux chez leurs administrés, ils les rendraient plus industrieux et les obligeraient notamment à acheter les produits des tissages que le gouvernement s’efforce de multiplier par le régime protectionniste. Les Indiens s’habillent à bas prix de cotonnades grossières dans lesquelles leurs femmes leur taillent des vêtemens amples, mais très suffisans. Entre ceux qui sont ainsi vêtus et les métis, qui ont au moins la partie indispen-