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de ces usines. Quelques directeurs de race ou d’origine européenne suffisent à le conduire. Les journées sont fort longues : quatorze heures et parfois davantage ! Heureusement, le dimanche et les fêtes religieuses sont rigoureusement observées et les usines, étant situées à la campagne, sont généralement salubres. Néanmoins, c’est trop compter sur la force d’endurance propre à la population indienne. Les grèves sont assez fréquentes, mais se terminent promptement et ne paraissent pas jusqu’ici avoir envenimé beaucoup les rapports entre employeurs et ouvriers.

L’exemple de l’industrie mexicaine actuelle montre l’erreur de voir dans des salaires intérieurs une condition de supériorité commerciale. Ils vont toujours avec un état économique arriéré et trahissent les défauts de l’organisation sociale. Actuellement, en raison du poids énorme des impôts qui grèvent l’industrie et le commerce, des frais élevés des transports et du tarif douanier, qui se retourne souvent contre son but par ses répercussions, tout est produit beaucoup plus chèrement au Mexique qu’en Europe et même qu’aux États-Unis.

Le développement manufacturier du pays a pour conditions, nous l’avons dit, la découverte et l’utilisation de gîtes de houille et l’établissement d’un réseau de voies ferrées dont les tarifs ne soient pas exorbitans. En attendant, comme tout l’outillage doit venir de l’étranger, et qu’en principe, il est frappé de droits de douane très élevés, les personnes qui veulent monter une manufacture doivent obtenir du gouvernement fédéral la dispense des droits de douane, parfois même la remise de certains impôts.

En outre, les États particuliers dont se compose la République étant absolument maîtres de leur système fiscal, quelques-uns, afin d’attirer des industries sur leur territoire, leur accordent pour de longues années l’exemption de tous les impôts locaux grevant les manufactures et les entreprises commerciales. Ils vont parfois jusqu’à donner des primes à des industries dont ils attendent beaucoup dans l’avenir. Cela crée, prétend-on, des inégalités économiques entre les diverses parties du pays. Puis, quoique formulées par des lois et d’une manière générale, ces exemptions s’appliquent en fait la plupart du temps à des manufactures déterminées. Nous n’avons pas à discuter ces griefs des économistes mexicains ; il nous suffit d’indiquer la manière dont se traitent les affaires et se fondent les entreprises nouvelles dans le pays.

En résumé, le Mexique présente aux capitaux européens et aux hommes d’initiative des champs variés et très féconds d’emploi. Peu de pays nouveaux en offrent aujourd’hui autant. Il faut seulement les choisir judicieusement et ne pas s’y engager sans tenir compte du climat et de la constitution sociale.