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Midi, de la région du Rhône, de la Bourgogne, greffant le plan indigène sur cépages américains, défonçant leurs terrains, obtenant des récoltes. On s’est remis à l’œuvre, les syndicats viticoles et cantonaux s’organisent, ils ont des subventions, des plants racinés à moitié prix, quelques-uns ont pris l’avance, font déjà du vin, et peut-être reverrons-nous le temps où le cultivateur en buvait à chaque repas, avait même de quoi vendre du superflu.

Comme le Jura et la Haute-Saône, le Doubs est un pays de petite culture morcelée : 1,479,797 parcelles réparties en 49,079 exploitations ; 17,920 de 0 à 1 hectare, 14,860 de 1 à 5 hectares ; 8,458 de 5 à 10 hectares ; 4,625 de 10 à 20 hectares ; 1,746 de 20 à 30 hectares ; 762 de 30 à 40 ; 319 de 40 à 50 ; 259 de 50 à 100 ; 70 de 100 à 200 ; 34 de 200 à 300 ; 18 de 300 à 400 ; 2 de 400 à 500. Ainsi la surface moyenne des parcelles est de 0,34 et la moyenne des cotes de propriétés est de 4 hectares 31 ; elles sont naturellement plus grandes en montagne, où le sol a beaucoup moins de valeur, à cause de la quantité des pâturages maigres de ces régions. La culture par le propriétaire l’emporte dans la proportion de 8 contre 1 sur le fermage et le métayage. En corps de ferme, la terre se loue de 30 à 50 francs l’hectare, les prés de 100 à 125 francs. Quant à la main-d’œuvre, les domestiques s’engagent d’ordinaire à l’année, 250 à 350 francs pour un homme, avec quelques menus avantages en linge, souliers, vêtemens ; 200 à 250 pour une servante ; ils sont nourris comme les autres membres de la famille. Le journalier se fait 1 fr. 50 à 2 fr. 50 par jour, selon les saisons ; presque toujours il a un lopin de terre où il récolte du blé, des pommes de terre ; pour 5 à 10 francs par mois, il se loge avec les siens ; la commune lui donne son bois d’affouage, du travail pendant l’hiver sur ses chemins, et il exerce souvent une autre profession : menuisier, charron, sabotier. Parmi les exploitations les mieux cultivées, je signalerai la ferme-école de la Roche, dirigée par M. Tardy ; la ferme de la Chevillotte, à Mme  Monnot-Arbilleur ; de la Vaivre, à la distillerie Bugnot-Colladon ; des Rochers, au docteur Saillard ; les vacheries modèles de MM. Beuclert et Jules Japy, à Badevel et Bart. Les expériences de M. Mareuse, chimiste de la distillerie Bugnot-Colladon, ont augmenté le rendement de 5,500 kilos par hectare en pommes de terre Richter Imperator : cette grande distillerie avance à tous les cultivateurs des semences, des engrais produits par elle, s’ils s’engagent à lui livrer leurs récoltes à 4 francs les 100 kilos de pommes de terre, et 22 francs les 1,000 kilos de betteraves à sucre.

Aujourd’hui, la question du tout se pose pour l’agriculture comme pour l’industrie ; la terre pendant quelques années a été frappée