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plus haut coté, en 1660, est celui de Santosse, où l’hectare vaut 3,700 francs l’hectare ; Meursault et Pommard viennent ensuite à 1,818 francs, puis Volnay et Musigny de 1,500 à 1,800 francs. Le clos de Vougeot n’est évalué qu’à 902 francs l’hectare, celui de Beaune, jadis le plus renommé, qu’à 740 francs, et ceux des environs de Nuits qu’à 360 francs.

À cette époque, on pouvait vendre jusqu’à 1,800 francs un hectare planté de ceps de choix dans l’arrondissement de Versailles ! Et cependant les Bourguignons n’avaient pas à se plaindre ; leur propriété vinicole avait beaucoup plus progressé depuis trois siècles que n’avait fait celle des Parisiens. Au XIVe siècle, la vigne ne valait dans le Maçonnais et la Côte-d’Or que 200 francs l’hectare, tandis que celle des alentours de la capitale se vendait 1,000 francs. L’écart, qui avait été de 500 pour 100, n’était donc plus que de 60 pour 100 en faveur de l’Ile-de-France ; où l’on peut dire, en tenant compte du pouvoir de l’argent, que la vigne avait certainement baissé de prix.

Il n’en est pas de même des prés de l’Ile-de-France par rapport aux herbages des autres provinces. La moyenne des départemens riverains de Paris fut de 1,400 francs l’hectare au commencement du XVIIe siècle et de 2,000 francs à la fin. Elle n’avait jamais atteint des chiffres proportionnellement aussi élevés ; puisqu’à la même date les prés de Normandie ne valaient que 800 francs et ceux de Berry que 500 francs. Ces différences tenaient évidemment au développement de la population dans le rayon d’approvisionnement de la capitale, à l’espèce de monopole dont jouissaient les prairies qui y étaient situées.

Sous le règne de Louis XVI, ce privilège de situation avait en partie cessé. De 1775 à 1790, les progrès de la circulation permirent au bétail de toute la France de venir faire concurrence au bétail des départemens voisins de Paris. Les cultivateurs du centre, de l’ouest et du nord commençaient à se disputer la clientèle de la capitale. Aussi les prés du Berry haussaient-ils, durant le XVIIIe siècle, de 175 pour 100 ; tandis que ceux de Picardie ne haussaient que de 100 pour 100, ceux de Normandie que de 75 pour 100, et que ceux De Seine-et-Oise, de l’Aisne et de Seine-et-Marne ne montaient, dans le même laps de temps, que de 33 pour 100.

La question du transport, celle des difficultés plus ou moins grandes de l’exploitation, qui joue un rôle capital dans la valeur d’une marchandise aussi encombrante que le bois, même en un pays comme la France actuelle, sillonnée pourtant de mille routes terriennes et fluviales, devait avoir jadis une importance prépondérante, susceptible de faire monter une futaie à des taux relativement très hauts, ou de la réduire à un prix dérisoire, comme on le remarque