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Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/87

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remplit les fonctions de recteur, ayant été maintenu dans sa charge comme l’ont été plusieurs de ses prédécesseurs. Il regrette que nos Facultés françaises n’aient pas toutes un annuaire pareil à celui qu’il me remet, et qui donne les détails les plus circonstanciés : la liste des professeurs et administrateurs de l’université, celle des ouvrages publiés par eux dans l’année, l’horaire de chaque faculté ou école, les résultats des examens subis, le nom et la patrie de tous les étudians inscrits. « J’envoie à un grand nombre d’écoles supérieures notre annuaire, me dit-il, et j’en reçois assez peu en retour, particulièrement de la France. » Cette grosse brochure laisse une fort belle idée de la prospérité de l’Université de Padoue. Le nombre des étudians, qui était d’un millier en 1884, est monté, en 1891, à 1,315. Je vois que l’énumération des travaux de droit, de médecine, de lettres, de sciences naturelles et mathématiques, de pharmacie, composés par les professeurs, n’occupe pas moins de 30 pages du recueil. Je constate, en outre, comme je l’avais fait à Bologne il y a deux ans, la très large admission de cours libres, professés par des privat-docent. Malheureusement, je ne pourrai en entendre aucun : « L’Université ouvre habituellement ses portes le 20 octobre, me dit M. Ferraris. Les examens occupent une quinzaine, et les leçons commencent dans les premiers jours de novembre. Cette année, à cause des élections, — beaucoup de nos étudians sont électeurs, — la rentrée de toutes les universités est retardée. Le discours d’ouverture aura lieu le 26 novembre, et les cours ne reprendront que le 2 décembre. »

Un mois de perdu à cause des élections !

L’Université de Padoue n’a rien à redouter, évidemment, du projet déjà mainte fois agité, aujourd’hui présenté au parlement et dont on s’entretient jusqu’au fond des provinces. On en veut aux petites universités, ou mieux aux facultés isolées que d’anciennes et glorieuses traditions, plutôt que des services réels, maintiennent encore debout. Question budgétaire avant tout. Le président de la commission, M. Luca Beltrami, qui est député de Milan, faisait remarquer, dans un discours à ses électeurs, que certaines universités n’ont que cent ou même cinquante étudians, qu’on peut citer des facultés qui comptent huit étudians partagés en quatre sections et jusqu’à sept étudians pour six cours. On trouve même, paraît-il, une école d’ingénieurs ayant juste cinq élèves. Qu’allez-vous devenir, pauvre Sienne, que les étudians appellent Siena gentile, et vous, Urbino… et vous, Macerata… et vous, Camerino… et vous, Ferrare ?… Petites villes, le temps des ducs est passé ! L’ombre a perdu de sa poésie. Les hommes ne montent plus sur des mules les sentiers qui mènent à vos rues tournantes. Toutes vos richesses d’art ne