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commissions royales furent chargées de vérifier les comptes, de proposer des budgets, d’élaborer un plan de réorganisation. Le point le plus faible, celui qui provoquait le plus de plaintes, c’était toujours encore la police. L’édit du 16 juillet 1735 le constatait ouvertement : l’organisation de la police de la résidence est tombée dans la plus grande confusion et le plus grand désordre, par suite de la multiplicité des juridictions et des privilèges dont les contrevenans prétendent se prévaloir. Le roi ordonna de nommer deux maîtres de police, qui seraient assistés chacun du personnel nécessaire des sergens de ville. Ils devaient pourvoir à l’exécution des mesures de police, surveiller la circulation dans les rues et les marchés publics. Enfin la compétence du Magistrat était proclamée à l’égard de tous les habitans sans distinction, en matière de contraventions de police, même à l’égard des officiers et soldats. Le gouvernement recevait l’ordre d’aider et de protéger le Magistrat dans l’exercice de ses attributions, et de donner force exécutoire à ses arrêts. Le nouvel arrangement ne fit pas cesser les plaintes contre la police municipale. Aussi dès son avènement au trône, Frédéric le Grand résolut d’en enlever l’administration à l’autorité communale et de la confier à un fonctionnaire royal (1742). Un rescrit du 16 janvier nomma directeur de police le conseiller de guerre et bourgmestre Kircheisen, en soumettant à son autorité tous les habitans de Berlin sans distinction ; c’était un triomphe de l’égalité de fait devant la police. Le roi avait pris soin de régler lui-même les relations entre le directeur de police et le Magistrat, qui n’avait plus que voix consultative ; les arrêtés seraient rendus au nom du roi, non plus de la ville. On donna trois auxiliaires au directeur de police, dont l’un représenta les intérêts de la colonie française. En même temps on organisait les cadres de la police, on divisait la ville en dix-huit commissariats de quartier. Tous les fonctionnaires étaient responsables devant le directeur de police et dépendaient de lui. C’est ainsi que l’autorité communale, dont les mains étaient trop faibles pour assurer l’efficacité des services, se vit enlever les attributions de police, qui furent définitivement transférées à l’État, et celui-ci les a gardées jusqu’à présent.

Les attributions et la compétence du directoire de la police (Polizeidirectorium) avaient été déterminées en 1742 et 1747 ; elles portaient en première ligne sur la surveillance des métiers, sur le contrôle de l’alimentation, notamment sur les marchés publics, le colportage, les poids et mesures, les cabarets, débits de boisson, maisons publiques. Le directoire de police était chargé de déterminer les taxes pour le pain, la viande, la bière, le bois, de veiller à ce qu’aucun ouvrier ne fût mal traité au point de vue du salaire et à ce que les marchands d’articles de consommation courante