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avec enthousiasme. Les bourgeois de la capitale virent moins dans le régime nouveau le retour à la liberté que le surcroît des charges. « Habitués à vivre par le prince dont Berlin était la résidence, ils trouvèrent dur de pourvoir eux-mêmes à leurs besoins. » Mais ces sentimens se modifièrent rapidement. Aujourd’hui la municipalité de Berlin se trouve à l’étroit dans le domaine fort étendu qui lui a été concédé ; elle n’hésite à assumer ni charges ni responsabilités nouvelles, en vue d’une extension de ses prérogatives. Il n’est plus d’ailleurs qu’un seul point sur lequel la municipalité puisse encore rêver des conquêtes. Elle est maîtresse des services de la ville, sauf en ce qui concerne la police. La police locale, aussi bien que la police générale, est entre les mains de l’État ; ce n’est pas une exception au droit commun, faite seulement pour la capitale ; une loi de 1850 autorise cette mainmise de l’État sur la police locale dans toutes les grandes villes de l’État.

L’organisation actuelle de la présidence de police a été réglée par un ordre royal du 18 septembre 1822, qui réunissait en un seul le département de Berlin et l’intendance de police. Les attributions de la présidence de police sont celles des préfectures royales, en tant qu’autorités provinciales, augmentées des services de la police locale. Depuis 1822, des modifications ont été introduites, notamment en ce qui concerne l’extension territoriale. Remarquons, en passant, que le château royal fait partie du district de police, mais non point du district communal de la ville. Les pouvoirs de surveillance et de contrôle, au point de vue de la sécurité, s’étendent sur Charlottenbourg.

Il y avait eu de nombreuses contestations, portant sur des questions de finances et de juridiction entre la ville et la présidence de police. La convention de 1844, renouvelée en 1879, y mit un terme. La ville s’engagea notamment à construire sur l’Alexanderplatz un édifice destiné à recevoir les bureaux, à loger le président, ainsi qu’une prison.

On a eu, à diverses reprises, le projet de décentraliser, de diviser la ville en grands districts indépendans, à la tête desquels serait un maître de police indépendant, tout en conservant une autorité centrale supérieure, mais les inconvéniens ont paru dépasser les avantages.

Comme nous le disions plus haut, Berlin durant des siècles a été dépendant pour tout ce qui touchait à son bien-être, à son embellissement, de l’activité du souverain. Les habitans, redoutant les charges et les soucis de l’autonomie administrative, suppliaient le prince de continuer sa bienfaisante tutelle. Sous le régime à la fois parcimonieux et paternel de Frédéric-Guillaume III, Berlin n’était encore qu’une ville de province, avec toute sorte de