Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 119.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préventions et de préjugés mesquins. L’essor de la vie politique, l’introduction d’un parlement, firent beaucoup pour étendre les idées et stimuler toutes les branches de l’activité nationale : la capitale de la Prusse en bénéficia l’une des premières. Il est incontestable que, jusque vers le milieu du siècle, l’autorité communale manqua d’énergie, d’initiative, qu’elle plia sous le poids de la responsabilité, et que les améliorations furent l’œuvre des représentai de l’autorité publique. Le président de Hinckeldey (1848-1856) dota la ville d’institutions utiles, de travaux indispensables dont l’administration d’ailleurs se trouve depuis de longues années dans les attributions communales. Cela ne s’est pas fait sans conflit ni sans accusation d’empiétement lancée contre le président de police[1].

Le président de police réunit les attributions qui, à Paris, sont partagées entre la préfecture de la Seine et la préfecture de police. Sous ses ordres se trouvent la police de sûreté, le service de la salubrité, la surveillance de la voirie, des marchés, des constructions, des voitures, la police des mœurs. Vis-à-vis de la municipalité de Berlin, qui jouit d’une grande autonomie administrative et qui s’en montre digne pour l’économie de sa gestion financière, le président de police exerce certains droits de contrôle : c’est lui qui représente l’État dans ses relations avec la commune, et qui est l’organe du pouvoir exécutif. La municipalité contribue pour une part considérable à certaines dépenses, c’est elle qui couvre les frais de l’uniforme des sergens de ville (schutzleute), qui fournit les locaux où ils stationnent, tandis que l’État paie la solde ; de même les pompiers figurent au budget de la ville. Mais eux, aussi bien que les Schutzleute, sont sous la direction du président de police. Les sergens de ville à Berlin ne font que le service de jour ; la nuit, la capitale est confiée aux veilleurs de nuit, qui sont sous les ordres du président de police, portent un uniforme spécial, et sont munis d’un sifflet et d’un sabre. Leur service dure de dix heures à cinq ou six heures du matin, suivant la saison. Ils sont au nombre de 500, tandis que l’effectif des sergens de ville est de 3,500, dont 220 sont montés. Tous les sergens de ville sont d’anciens sous-officiers, qui doivent avoir une taille variant entre 1m,67 et lm,70. Ils ont passé neuf ans dans l’armée ; on ne prend que ceux qui se sont fait remarquer par leur bonne conduite, leur zèle et leur assiduité. La

  1. Dans le rapport sur l’administration communale de 1861 à 1875, les services rendus par le représentant de l’État durant les années où la ville ne faisait rien pour elle-même, sont reconnus.