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population les respecte et vit avec eux en excellente intelligence, bien que parfois leur manière d’agir sente les habitudes militaires et ne soit pas exempte de brusquerie. Le Berlinois est habitué à se soumettre aux injonctions du sergent de ville, et les jours de parade, un agent suffit pour tenir en respect les curieux sur une assez grande étendue. Le moral du corps des sergens de ville est bon, parce qu’ils se savent soutenus aussi bien par le public que par l’autorité supérieure ; celle-ci punit toute faute et toute négligence de leur part ; mais, le cas échéant, elle n’abandonne pas ses subordonnés, elle sait les protéger. Les sergens de ville sont sous les ordres de 1 colonel, de 16 capitaines, de 105 lieutenans et d’un certain nombre de sous-officiers. La ville est divisée en quatre-vingt-deux districts. À la tête de chaque district, il y a un lieutenant de police, qui dispose de 2 sous-officiers, de 2 télégraphistes, 2 expéditionnaires, 12 sergens de ville et 2 agens de la sûreté. Le district est subdivisé en petits îlots, confiés chacun à un sergent de ville. Le capitaine de police exerce la surveillance sur plusieurs districts, qui forment son arrondissement. Il y a dix arrondissemens.

À côté de cette police extérieure, qui veille à l’exécution des lois et règlemens, qui maintient l’ordre dans les rues, il y a la police de sûreté, dont la mission est de découvrir les auteurs de crimes et délits, de surveiller les classes dangereuses, de manière à empêcher autant que possible la perpétration d’actes attentatoires à la sécurité des personnes et des propriétés. Le chef de la police de sûreté est le comte Puckler. Sur sa demandera police des mœurs a été également rattachée à ses attributions. Les relations entre prostituées et malfaiteurs sont tellement étroites, qu’il y a nécessité de coopération entre ces deux branches de la police, et qu’il y a un intérêt considérable à leur donner un chef unique.

Le service de la sûreté est fait par des agens revêtus de l’habit civil et armés dans leurs excursions à travers les quartiers dangereux d’un revolver, qu’on leur a fourni tout récemment, à la suite de quelques rencontres avec des malfaiteurs munis d’armes. Le revolver est destiné à donner plus d’assurance à l’agent, qui a pour instruction stricte de ne s’en servir qu’à la dernière extrémité. Comme je l’ai dit plus haut, à chaque commissariat sont attachés deux agens de la sûreté, sans compter ceux de la brigade centrale. Les agens de quartier sont spécialement chargés de la surveillance des revendeurs, des prêteurs sur gages, de toutes les personnes suspectes ayant un domicile fixe.

Nous aurons plus tard l’occasion d’insister sur la division du travail qui s’est faite dans les classes dangereuses. Les malfaiteurs de Berlin s’adonnent à une spécialité dont ils sortent rarement. Il en