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lisent les offices en latin, ou certains Juifs leurs prières en hébreu, sans les comprendre. Mais on peut espérer obtenir des Parsis l’explication des cérémonies qui se pratiquent, encore aujourd’hui, à peu de choses près, comme au temps des princes sassanides.

M. Darmesteter s’était même flatté de L’espoir qu’il obtiendrait peut-être d’être initié aux mystères du culte. S’il ne fut pas admis à la célébration du sacrifice, il nous apprend qu’il fut traité comme un Dastûr, c’est-à-dire comme un docteur de la loi ; grâce à ce titre, il put entrer en relations avec de savans Parsis, dont la conversation lui a fourni bien des renseignemens précieux sur le culte et sur la liturgie, ainsi que ce sentiment vivant de la réalité présente et passée que des textes morts ne peuvent donner. Il a pu enfin se procurer, par leur intermédiaire, d’anciens manuscrits pehlvis, inconnus même de nom en Europe, et, surtout, une édition du Yasna donnant, en gujarati, la description des cérémonies qui accompagnent la récitation du texte. L’œuvre de M. Darmesteter se présente ainsi comme une tentative pour concilier l’école traditionnelle et l’école étymologique. En combinant les deux méthodes, il nous a donné une traduction, qui n’est peut-être pas définitive sur tous les points, mais dans laquelle, au jugement d’un des hommes les plus autorisés en ces matières, M. Auguste Barth, il n’est pas une page, pas une ligne, pour ainsi dire, qui ne marque un progrès sur les traductions antérieures. Il a enfin accompagné sa traduction d’introductions et de commentaires qui nous permettent de nous faire une idée d’ensemble de la religion de l’Avesta.


II

L’objet de l’adoration des Mazdéens est le feu sacré, que l’on appelle, suivant sa préparation et son mode d’alimentation, âtash Bahrâm, « feu Bahrâm, » ou âtash âdarân, « le feu des feux. » La préparation du Bahrâm dure un an : il est formé de seize espèces de feu et concentre en lui l’âme de tous les feux. La préparation et la purification de ces feux demandent des cérémonies compliquées que l’on trouve dans le Vendidad. L’Adarân est formé des feux domestiques qui ont servi trois fois.

Le temple du feu ou Dari-Mihr, « porte de Mithra, » se compose, qu’il soit consacré à l’âtash Bahrâm ou à l’Adarân, de deux pièces : la chambre des cérémonies, divisée en plusieurs compartimens, et le sanctuaire, la chambre du feu. Celle-ci est bâtie en forme de dôme, rappelant le dôme du ciel. Le feu sacré est placé dans un vase, reposant sur une plate-forme de pierre qui est son