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sérieusement abordée que lorsque l’écart de prix se sera tendu entre le 3 pour 100 et le 4 1/2.

La conversion du 4 1/2 français portera sur un capital de 7 milliards. La conversion russe, en cours d’exécution depuis le 13 septembre, est d’importance plus modeste. L’emprunt 6 pour 100 1883, qui va être converti ou remboursé, est au capital nominal de 50 millions de roubles ou 200 millions de francs. Il sera créé autant de titres nouveaux 4 pour 100 (500 francs nominal par obligation), qu’il aura été présenté de titres 6 pour 100 à la conversion. Il est remis aux porteurs qui convertissent une soulte de 39 francs par titre. Ce qui n’aura pas été présenté de l’ancien 6 pour 100 sera remboursé le 13 décembre au pair avec l’intérêt semestriel acquis. Dans les cinq premiers jours, le montant présenté à l’échange s’élevait à 100 millions, soit la moitié de l’emprunt ; il atteint aujourd’hui 130 millions ; le délai pour la présentation des titres expire le 9 octobre prochain. Le succès de cette opération n’était pas douteux. On doit faire cette remarque que le gouvernement russe n’a été incité à la réaliser par aucun besoin de capitaux. Il n’emprunte pas et rembourse au contraire, dégageant une partie de sa dette. La situation financière de la Russie est actuellement très solide, reposant sur des excédens des recettes ordinaires et la diminution graduelle des dépenses alimentées par des ressources exceptionnelles, étrangères à l’impôt. Elle a traversé la crise redoutable de la famine, et ses finances, rudement éprouvées par cette secousse, en sont sorties sauves ; les voici de nouveau prospères. Avec l’appui des capitalistes français, la Russie a réalisé de très profitables conversions et placé en France une forte partie de ses emprunts. Son crédit est admirablement établi, et on ne la voit point tant souffrir de la lutte douanière qu’elle a engagée contre l’Allemagne. Cette série de faits économiques a créé des liens étroits entre la France républicaine et l’empire des tsars, et ce genre de solidarité ne saurait nuire en rien aux affinités d’un autre ordre.

Les valeurs austro-hongroises ont été remarquablement calmes, plutôt un peu faibles, à cause de la tension du change qui dérange en ce moment quelque peu les prévisions des ministres des finances des deux monarchies et les oblige à ajourner les opérations de crédit complémentaires de la réforme monétaire. Les projets de budget pour 1894 vont bientôt occuper les parlemens de Vienne et de Pest. Les ministres les présentent en d’excellentes conditions, avec excédens de recettes ordinaires et des dépenses extraordinaires contenues dans de raisonnables limites.

Les valeurs turques, après quelques oscillations et un peu de lourdeur, ont repris leur niveau du milieu de septembre. L’unifiée a été fort recherchée à 515. Les fonds helléniques et le Portugais sont délaissés