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et pour empêcher que la disparition d’un grand nombre d’animaux domestiques nous laisse, pendant plusieurs années, sans engrais, sans moyen de travail, et n’entraîne des ruines très lentes à réparer[1].


I

L’hiver 1892-93 n’a rien présenté d’anormal ; en décembre, cependant, on a mesuré, à Paris, un peu plus de neige et de pluie qu’on n’en constate habituellement ; janvier a été froid : la température moyenne au parc Saint-Maur, où M. Renou observe depuis de longues années avec une admirable régularité, est de — 1°,29 inférieure à la température habituelle de ce mois ; dans la région septentrionale, le froid est vif : on note, à Bruxelles, trente-deux jours de gelée du 20 décembre au 20 janvier, le thermomètre descend à — 15°, 8 ; à Moscou, on observe — 21 degrés.

Presque partout, en février, la température s’élève et la pluie devient abondante : au parc Saint-Maur, on trouve 6°, 26, température plus élevée de 2°,35 que la moyenne de ce mois, on recueille 56mm,2 de pluie ; à Arras, la température moyenne est de A0,52, la pluie s’élève à 87 millimètres ; à Chartres, on recueille 39mm,6 avec une température de 5°,1 ; on observe 40 millimètres de pluie à Evreux, 66 millimètres à Auxerre, 45mm,2 dans la Haute-Marne ; dans la Haute-Saône, la température passe de — 5°, 15 en janvier, à 3°, 9 en février, la hauteur de pluie de 65 millimètres à 120mm, 8 ; dans le Centre, la précipitation est plus faible, on mesure 35mm, 6 à Moulins, 26 et 29mm, 7 dans la Limagne d’Auvergne ; 100mm, 3 à Bordeaux ; dans le Sud, on observe 25mm,5 à Montpellier ; 49mm, 3 à Toulouse.

Rien à ce moment ne faisait présager une saison présentant un caractère exceptionnel ; le blé d’hiver avait résisté aux froids de

  1. J’ai mis à profit, pour écrire cet article, les communications adressées à l’Académie par mon confrère M. Mascart, directeur du service météorologique ; j’ai, en outre, à remercier les personnes très nombreuses qui ont bien voulu me fournir des renseignemens et notamment mes collègues à l’école de Grignon : MM. Berthault et Zolla, M. Le Chartier, correspondant de l’Institut, les météorologistes : MM. Renou, Garrigou-Lagrange, Semichon ; les agriculteurs et agronomes : MM. Foëx, P. Genay (Meurthe-et-Moselle), de Bellefond (Indre) ; Truelle (Calvados), Vivien (Aisne), MM. Nantier et Pagnoul, directeurs de stations agronomiques ; enfin, les professeurs départementaux d’agriculture : MM. Allard (Haute-Saône), Battanchon (Saône-et-Loire), Boiret (Lozère), Bourgeois (Meurthe-et-Moselle), Bourgne (Eure), Carré (Haute-Garonne), Cazeaux (Seine-et-Marne), Duguet (Indre-et-Loire), Duplessis (Loiret), Franc (Cher), Garola (Eure-et-Loir), Jouffroy (Allier), Magnien (Côte-d’Or), Raquet (Somme), Maréchal (Pas-de-Calais), Reclus (Haute Vienne), Rouault (Isère), Vassilière (Gironde).