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du riz diminuerait très sérieusement. Siam est la terre par excellence des éléphans, comme aussi pour l’élevage de ces animaux si utiles à nos colonnes militaires et pour le transport des bois. Nos forêts riches en teck seront bientôt épuisées, et beaucoup de nos ouvriers forestiers nous abandonnent pour aller chercher du travail dans les forêts du Siam. Que le pays s’ouvre à nos chemins de fer, et les essences des forêts existant entre les 17e et 22e degrés de latitude seront d’une facile exploitation et créeront une source inépuisable de bénéfices.

« Siam est un pouvoir ami : il a ouvert ses provinces à notre commerce ; nos compatriotes sont certains d’y être protégés ; à notre requête, il a aboli tous les monopoles, sauf celui de l’opium, pourtant ; nos produits sont légèrement taxés en douane ; les procès civils et criminels, dans lesquels les Anglais sont intéressés, sont portés devant un consul anglais ; nos provinces ont été jointes aux leurs par des lignes télégraphiques ; nos missionnaires sont protégés et leurs prosélytes ne sont pas inquiétés.

« Le roi et ses proches ont reçu une éducation européenne ; de belles écoles ont été ouvertes à Bankok, et pas un de nos soldats ne monte la garde aux frontières, quoiqu’elles s’étendent, unies à celles du royaume de Siam, sur une étendue de plus de 600 milles anglais, un service postal est organisé dans tout le royaume ; nulle plainte n’est portée sur les frontières dont je parlais plus haut par nos officiers. Les gouverneurs siamois font avec leur appui tous les efforts pour combattre le dâcoïtisme.

« Le roi est désireux d’une étroite alliance avec nous ; il sait qu’une telle union signifie sécurité pour son royaume ; qu’il y trouvera une garantie contre l’annexion de ses provinces aux possessions françaises. Depuis la guerre franco-espagnole en Annam en 1858, quand Tourane était occupé par les Français, ceux-ci n’ont cessé de susciter de nouveaux troubles en Cochinchine. Le Times a bien fait de leur rappeler, il y a quelques mois, qu’en aucun cas nous ne les accepterions comme voisins, et qu’il est temps de leur fixer une ligne de démarcation qu’il ne leur sera jamais permis de dépasser. Cette ligne serait la crête des montagnes d’Annam et les frontières nord et est du Cambodge. Derrière cette ligne se trouve l’empire du Siam et les États indépendans des Shans à travers lesquels s’étend la route qui conduit des possessions anglaises à la frontière du Céleste Empire. »

Ce qu’a écrit l’honorable M. Colquhoun contre nous et en faveur de la Cour de Siam, est hautement approuvé par M. Curzon et lord Hamington, deux autres grands explorateurs du Mékong.