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Combien au type un peu trop chargé de cette Parisienne qui manque de race nous prêterons l’héroïne du roman si émouvant de M. Th. Bentzon, Jacqueline[1], cette vraie Parisienne, pleine de cœur et de charme, courageuse, séduisante, qui sait, après les plus terribles revers de fortune, traverser les milieux les plus divers en côtoyant tous les écueils sans y laisser rien de sa pureté et de son charme de vraie jeune fille, si elle y a laissé ses illusions. Son élégance naturelle et sa droiture, souvent incomprise il est vrai, font encore mieux valoir tout ce qui la distingue des autres femmes, de celles-là surtout qui ne cherchent dans la vie mondaine que la satisfaction de leurs plaisirs et le succès de leurs mines pleines de coquetterie. Le roman, très mouvementé, écrit d’un style simple et d’une observation toujours fine et délicate, très vivant et très moderne, a fourni à M. Albert Lynch un choix de sujets reproduisant les intérieurs les plus genreux et les tons, les raffinemens du luxe de notre époque, des scènes très familières de la campagne et de la ville, des toilettes d’un goût parfait, les modes les plus gracieuses et les plus nouvelles qu’il soit, et qui ne pouvaient être mieux rendues que par le pinceau de M. Lynch et mieux interprétées dans leur diversité et leur délicieuse originalité. Ce superbe volume réunit tout ce qui peut captiver les yeux et charmer l’esprit.

Que dire qui n’ait été déjà dit d’une œuvre populaire entre toutes, de cette joyeuse et brillante épopée des Trois Mousquetaires[2] qui ne ressemble à aucune autre et qui eût suffi à rendre à jamais célèbre le nom d’Alexandre Dumas, si ce n’est que M. Maurice Leloir a pour jamais fixé les types créés par le génie du puissant romancier et que, lorsque l’on a commencé à lire le texte, si passionné que l’on soit par l’intérêt du récit et emporté dans le mouvement qui le précipite, on s’arrête à chaque page pour voir s’animer sous le crayon de l’artiste les tableaux et les personnages que l’on connaît et que l’on retrouve mis en scène avec l’allure et la physionomie que leur a prêtées notre imagination. Telle est en effet l’impression que produisent les 250 compositions de M. Leloir, l’illustrateur charmant de Manon, du Voyage sentimental, des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, dont le talent n’a jamais été mieux inspiré, pour la variété de ses compositions, la diversité de conception, la vérité d’accent, la familiarité et la naïveté touchante, la noblesse et la grandeur épiques des autres, si bien que l’interprète contribue à mettre encore plus en lumière la fécondité toujours renouvelée du maître.

Cette superbe édition a toutes les qualités d’une publication de choix : elle en a tout le luxe, les belles gravures, l’impression

  1. Jacqueline, par M. Th. Bentzon, illustré de 27 compositions en photogravure d’après M. Albert Lynch. 1 vol. in-4o ; Boussod-Valadon et Cie.
  2. Les Trois Mousquetaires, par Alexandre Dumas, 2 vol. in-8o colombier illustrés de 250 compositions de Maurice Leloir ; Calmann-Lévy.