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1100 francs en 1201-1300, à 515 francs en 1301-1400, pour remonter seulement à 750 francs en 1401-1500. Dans ces derniers cent ans, la moyenne parisienne avait été, comme on l’a vu ci-dessus, de 1 130 francs. L’écart entre Paris et la province restait inférieur sous Charles VIII à ce qu’il avait été sous saint Louis. Il n’en sera plus ainsi au XVIe siècle : pendant que la maison de Paris quadruplera presque, entre 1501 et 1600, la maison de province se contentera de doubler.

Un échevin de Bourges achètera la sienne 2100 francs ; la maison de deux étages qu’habite un conseiller au présidial de Nîmes lui reviendra à 9 300 francs, et l’hôtel du comte d’Egmont, à Arras, sera vendu 22 500 francs (1568). En revanche un drapier foulon acquiert sa demeure à Evreux, rue Non-Pavée, pour 260 francs (1599). — On remarquera, en passant, la dénomination de Non-Pavée, qui distingue une rue d’Evreux à la fin du XVIe siècle, tandis qu’au XIIIe la qualification de Pavée suffisait à distinguer une rue de Paris. — À Montélimar, en 1533, le loyer annuel du sénéchal est de 78 francs, celui de la maison d’école de 36 francs, et celui d’une maison « servant de lupanar » de 19 francs. Les maisons se louent plus cher dans la capitale du Dauphiné : le bourreau paie 100 francs de loyer à Grenoble, un professeur à l’Université paie 167 francs (1554).

Ce n’est pas que la qualité de chef-lieu doive faire supposer, dans les cités du XVIe siècle qui en sont revêtues, un plus haut degré de luxe, une population plus nombreuse, et par suite un prix plus élevé de la vie. C’est un titre qui n’emporte pas toujours une supériorité réelle, en un temps où rien ne donnait encore l’idée de la centralisation future. On trouvait, disait Acillau d’Ay à la fin du XVe siècle, cinq ou six villes de la sénéchaussée de Nîmes plus grandes, plus opulentes que celle-ci. En effet il ne manque pas à Nîmes de loyers à 7 francs en 1550 ; ils n’augmenteront là qu’à la fin des guerres religieuses, qui s’y terminèrent plus tôt que dans le nord de la France, dès l’avènement de Henri IV. À cette époque (1592) les maisons d’un gentilhomme, d’un conseiller au présidial, d’un riche avocat, s’y louaient 260 à 380 francs.

Les immeubles de Soissons oscillent, sous Louis XII, de 46 francs, loyer d’un chausse lier, à 146 francs, loyer d’un libraire ; ceux de Troyes varient, sous Charles IX, de 26 francs à 139 francs ; le dernier se rapporte à « l’hôtel de l’Arquebuze », où loge la compagnie de gendarmerie entretenue sur les fonds communaux. À Gray (Franche-Comté) « l’auditoire » du bailliage — palais de justice — est loué par la ville 34 francs sous Henri III ; à