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LA
PHOTOGRAPHIE DES COULEURS

Il est difficile de donner une explication simple de la couleur. Les physiciens déclarent qu’elle est le résultat d’un mouvement vibratoire ; les métaphysiciens qui écoutent font semblant de comprendre.

Pour peu claire qu’elle paraisse, cette définition n’en est pas moins la seule qu’on puisse donner. Il existe un mouvement vibratoire qui se traduit par de la chaleur, de la lumière ou de l’électricité. Peut-être en est-ce un aussi, que celui qui détermine les différens phénomènes psychologiques, — autres vibrations non moins confuses, non moins vagues, non moins mystérieuses pour notre esprit que les vibrations physiques.

Il faut savoir gré aux savans tels que l’inventeur de la photographie des couleurs, de ne pas se contenter d’exposer leurs théories au moyen de formules abstraites, mais de les rendre accessibles à tous par un résultat matériel que des procédés empiriques n’auraient jamais permis d’atteindre.

On étonnera bien des gens en leur disant que, lorsque M. Lippmann fit sa découverte, il avait le rare privilège de ne s’être jamais occupé de photographie. Ce qu’il voulait définir dans la théorie des vibrations sonores, il le découvrit dans le jeu des vibrations lumineuses. Chargé d’exposer dans son cours de la Sorbonne la théorie des phénomènes acoustiques, il voulut notamment démontrer à ses élèves que la hauteur du son rendu par un tuyau d’orgue qui chante ne dépendait que de sa longueur et nullement du métal dont il est formé. Dès lors, il fut frappé du parti que l’on pouvait tirer de ce phénomène ; il se demanda s’il ne serait pas possible de transporter dans le