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monte-charges, les fils téléphoniques, les fils électriques et les dégagemens sur la rue, et vous aurez une idée sommaire de ce grand laboratoire culinaire.

La maison proprement dite, au-dessus du rez-de-chaussée, a, comme nous l’avons remarqué, son entrée particulière. Au-delà d’un vaste vestibule se trouvent le grand escalier à rampes droites et l’ascenseur. Les dix étages contiennent une soixantaine d’appartemens complets de six à dix pièces, et, aux derniers étages, des logis de gardons ou de petites familles, l’excepté ces petits appartenions composés de deux ou trois pièces, tous les autres réunissent les élémens de confort auxquels l’Anglais est habitué : cuisine, office pour les domestiques, salle de bains, cabinets de toilette. La salle à manger, contrairement à la coutume parisienne, est aussi éloignée que possible du salon des dames ; ni le bruit, ni la fumée ne peuvent parvenir jusqu’à elles. Des communications sont établies avec les cuisines du sous-sol, et chacun peut y alimenter sa table s’il en a le désir. La commande, dictée par le téléphone, est aussitôt satisfaite. Tous les étages sont chauffés, toutes les pièces sont munies de lampes à incandescence. A chaque palier, devant la cage de l’ascenseur, se trouve une cage fermée ; dans cette cage sont logés les organes de la maison ; on pourrait les appeler les organes de la vie. Ce sont les tuyaux pour l’eau, pour le gaz, les fils pour l’éclairage, les téléphones, les télégraphes, et jusqu’aux fils des paratonnerres. A l’exception du rez-de-chaussée, les appartenons n’ont pas plus de trois mètres sous le plafond. Ils sont décorés simplement, les boiseries peintes en blanc et vernies, les murs revêtus de papiers peints dont le dessin et le coloris diffèrent singulièrement des nôtres. En général les Anglais réservent les plafonds élevés et le luxe du décor pour leurs habitations de campagne, pour leurs residences et pour leurs clubs, qui sont parfois des palais somptueux. Le Reform Club est une maison romaine agrandie et ornée avec un luxe solide que nos cercles parisiens ne connaissent pas. Sous une autre forme et sur un tout autre plan, il convient de citer les nouveaux clubs bâtis sur les quais de la Tamise. Les architectes anglais y ont fait un ample usage de la céramique. La salle à manger d’un de ces clubs a ses murailles et même ses colonnes revêtues de faïences à reliefs de couleurs variées. Ce n’est peut-être pas une ornementation d’un caractère statique bien prononcé ; l’effet pourtant en est agréable et communique une sensation de fraîcheur dans un lieu où la température est souvent élevée, en dépit des ventilateurs dont tout architecte anglais a, soin de munir les plafonds des salles de réunion.