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qu’un cavalier capable de pratiquer les principes d’une bonne école et par lesquels il est eu état de juger de la nature de son cheval et de lui former un air, n’a pas plus de facilité encore pour assouplir et rendre obéissant celui qu’on destine à la guerre et pour étendre et donner de l’haleine à celui qu’il juge propre pour la chasse ? »

C’est encore La Guéri ni ère qui a le premier prescrit au cavalier une tenue en selle qui lui donne autant d’aisance que de solidité. Avant lui, les étriers étaient trop longs, les cuisses trop descendues, les jambes trop droites. La position donnée par La Guérinière est encore aujourd’hui, sur nos selles anglaises, la seule qui soit gracieuse, correcte et qui permette au cavalier d’user librement de tous ses moyens d’action.


II

On peut reprocher aux écuyers, depuis qu’il y eut des académies d’équitation, d’avoir un peu trop pontifié ; de l’avis même de Newcastle, ils exagéraient les difficultés, faisaient traîner en longueur l’instruction des cavaliers et le dressage des chevaux pour augmenter ainsi leur propre prestige aux yeux de leurs élèves et des profanes. Cet abus n’a pas encore disparu de nos modernes Ecoles d’équitation et de dressage et leur a fait sans doute beaucoup de tort dans l’esprit du public. On a trop voulu compliquer un art qui, pour admirable qu’il soit, n’en doit pas moins rester simple. Ou prétendit en faire une science de plus en plus transcendante et l’on prépara ainsi la venue de Baucher, qui devait plus tard parler en paraboles, comme un nouveau messie.

Quoi qu’il en soit, La Guérinière avait donné une méthode aussi claire que savante, résumant on ne peut mieux tout le savoir acquis jusque-là. Il eût fallu l’adopter partout et n’y apporter dans la suite que des modifications très prudentes approuvées par un conseil d’écuyers. Mais de tous temps les écuyers se sont considérés entre eux comme des rivaux, et c’est ainsi qu’il n’y eut jamais d’unité dans l’enseignement, que chaque progrès suscita des tempêtes et que la confusion augmenta de plus en plus.

Dupaty de Clam, ancien mousquetaire ayant quitté le service pour s’adonnera la science, membre de l’Académie de Bordeaux, plus écrivain qu’écuyer, prétendit ‘appliquer à l’équitation l’anatomie, la mécanique et la géométrie et donner une méthode supérieure aux précédentes : « L’étude de l’équitation, dit-il, est d’autant plus difficile que nous avons été obligés jusqu’ici de recueillir, comme à la volée, les leçons des maîtres. Les meilleurs n’ont point écrit : les anciens se sont perdus dans un labyrinthe